A l’Opéra de Bordeaux : surtout pas de damnation pour l’Orchestre et les Chœurs

Posté le Samedi 21 février 2015

Cette production de la Damnation de Faust d’Hector Berlioz donnée à l’Auditorium de Bordeaux en version concert nous entraîne, dès les premières mesures, vers les voûtes célestes de l’enchantement. C’est splendide !
Quoi demander de mieux à un orchestre et à des chœurs pour interpréter Berlioz. Tout n’est que précision, velouté, férocité, rêverie, émotion…Paul Daniel, à la tête de l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine, a tout compris : la musique de Berlioz doit être vibrante et habitée. Cette fougue il a su la partager avec l’ensemble des chœurs et principalement celui des hommes. Ce dernier était, à l’occasion, composé du Choeur de l’Opéra de Bordeaux et de celui de l’Armée française. Leur chant a envahi le moindre recoin de la salle. L’interprétation toute en délicatesse des femmes du Choeur de l’Opéra et celle des enfants de la Jeune Académie Vocale d’Aquitaine n’a fait qu’appuyer cet engagement musical.

Malheureusement, pourquoi faut-il qu’un plaisir ne soit jamais complet ?
En effet, la faiblesse de cette production vient des solistes. A part Laurent Alvaro dans Méphistophélès, appuyant fortement son jeu scénique machiavélique, arrive par une voix puissante et sonore a nous faire entrer dans son monde pervers.
Concernant le personnage de Faust, j’ai eu la chance de voir et d’en écouter deux. Le soir de la première ce fut Eric Cutler. Il ne m’a absolument pas séduit. En l’écoutant et en le regardant, je ne faisais que rêver à un ténor à la voix plus claire et surtout avec une plus belle fiction, ensoleillée, le tout posé sur un jeu scénique plus subtil. Mon rêve s’est exaucé lors de la seconde représentation avec Michael Spyres remplaçant le titulaire au pied levé. Il est vrai que celui-ci a déjà chanté le rôle sur scène. Ca se voit et surtout ça s’entend. Il y croit ! Voix chaire, bien projetée, articulation et diction de rêve (pour un étranger bravo !). J’avais mon Faust idéal, tant rêvé. Je passe rapidement sur Frédéric Goncalves que j’avais beaucoup apprécié, tout récemment, dans Marc Antoine dans le Cléopâtre de Massenet aux Théâtre des Champs Elysées à Paris mais qui ici, dans cet unique air de Brander, m’a laissé froid.  Là où la déception est de taille c’est pour Géraldine Chauvet dans le rôle de Marguerite. Où est la Marie du Dialogue des Carmélites à Bordeaux et l’Adriano de Rienzi à Toulouse ? Sa voix est par moment inaudible, des graves incertains avec une diction catastrophique (et pourtant elle est française). Elle reste en surface ou à la porte du rôle. On ne la sent pas à l’aise. Curieux et dommage !
A titre d’exemples de diction : pour des mots de consonances identiques dans leur duo, autant Michael Spyres dit « ô tendresse, cède à l’ardente ivresse » avec une projection habitée de toutes les lettres et en prononçant tous les r, autant Géraldine Chauvet dit « je ne sais quelle ivresse, brûlante, enchanteresse… » avec une identique prononciation sans nuance avec tous les r escamotés. C’est à couper au couteau.
Malgré ces quelques réticences sur les solistes, rien que pour l’Orchestre et les Chœurs il faut courir voir et surtout entendre cette production. Vous aurez le salut éternel !

nota : comment se fait-il qu’il faille que toutes ces bouteilles d’eau en plastique avec leurs étiquettes publicitaires traînent comme ça sous les chaises des solistes. Toujours en train de boire. Entre celui ou celle qui prend sa bouteille discrètement, se retourne et boit, celui ou celle qui essaie de la faire tenir sur le pupitre. Entre celui ou celle qui juste avant le départ de son intervention prend précipitamment sa bouteille et boit, celui ou celle qui entre sur le plateau avec la bouteille à la main… sans oublier ce membre du choeur d’homme qui dans un moment musical solennel  se penche, récupère sa bouteille, lève la tête et boit. Comment ne pas avoir le regard attiré par un tel comportement. Ce ballet de bouteilles est insupportable. Qui peut m’expliquer la raison de ces fâcheux comportements ? Est-ce que ça existe dans une production scénique ? Oui, mais en coulisses. Pourquoi en concert ? Quoique, je verrais très bien Isolde avant son grand air prendre sa bouteille en plastique, Madame Butterfly lever le coude, une gorgée, avant de se suicider et reposer la bouteille tranquillement, Manrico et le Comte de Luna  trinquant avant leur duo, montrant bien la marque publicitaire d’eau minérale. On pourrait établir ainsi un catalogue de situations les plus rocambolesques. 
 
Jean-Claude Meymerit
JCM-Bordeaux @ 14:14
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Qui en tête du tiercé gagnant de Tristan et Isolde : Toulouse, Strasbourg ou Bordeaux ?

Posté le Lundi 2 février 2015

Trois scènes lyriques françaises affichent Tristan et Isolde de Richard Wagner. Le Théâtre du Capitole de Toulouse ce début février, l’Opéra du Rhin de Strasbourg fin mars ainsi que l’Opéra de Bordeaux. En attendant de faire une étude comparative de ces trois productions ou de faire des pronostics sur quelle est la meilleure (orchestre, mise en scène, voix), j’ai déjà ma petite idée, mais attendons de voir ces trois productions.

Ce dimanche après midi, direction Toulouse. C’est une reprise de la mise en scène de Nicolas Joël de 2007. Elle mettait à l’époque en vedette, Janice Baird, chanteuse fétiche du Capitole ? Sa voix et son physique nous laissaient chaque fois sous le charme. Son costume de scène était aussi assez spectaculaire. Seulement les cantatrices se suivent et ne se ressemblent pas. Élisabete Matos que nous venons d’entendre et de voir, m’a laissé de marbre. Combien ai-je vu d’Isolde de ce style qui ne font que chanter la partition et encore…. Le tout sans émotion aussi bien vocalement que physiquement. Son air final a même été un peu laborieux. Une fois qu’on a savouré à plusieurs reprises des Waltraud Meier, des Nina Stemme, des Janice Bair…la plupart des autres cantatrices nous semblent fades (attendons Strasbourg et Bordeaux).

Habité par son rôle, Hans-Peter Koening se transforme ici en bon roi Marke. Il est émouvant. Aucun signe extérieur de violence dans les scènes de jalousie. On a même un peu pitié pour lui. Sa bonhomie en fait un bon roi que l’on voudrait aider et aimer. Le bronze de sa voix est toujours un bonheur de l’écouter. Stefan Heidemann était Kurwenal, jouant le dévouement à son maître jusqu’au bout des ongles. Emouvant. Belle voix chaleureuse et timbrée. Notre jeune bordelais Thomas Dolié dans le très court rôle de Melot fait grande impression par ses quelques phrasés. C’est très beau et puissant. Quel dommage qu’il soit fagoté curieusement. Son costume semble avoir été emprunté à quelqu’un d’autre.

Reste les deux derniers personnages Tristan et Brangäne. Du très haut vol. Que c’est somptueux ! « L’appel de Brangäne » de Daniela Sindran, à genoux. De plus, elle est très belle. Grande silhouette élégante, sachant se mouvoir magnifiquement. C’est une des plus grande Brangäne actuelle. Pour conclure cette première appréciation du Tristan de Toulouse, n’oublions pas le resplendissant Robert Dean Smith. Il est Tristan. Peut-on faire mieux aujourd’hui ? Son jeu théâtral est précis et beau. D’une puissance incisive  inouïe, sa voix est envoûtante. On se délecte sur toutes ses notes, du grand art. Son 3ème acte est un moment sublime. Avec ces deux chanteurs précités, l’ouvrage devrait s’appeler Tristan et Brangäne.

Pourtant très bien placé dans la salle, j’ai été un peu frustré par la prestation de l’orchestre. J’ai trouvé certains passages assez secs même si le chef Claus Peter Flor, à la tête de l’Orchestre national du Capitole, a su parfaitement maîtriser cette masse orchestrale au volume de la salle. Je garde pour la fin mes plus grandes réserves sur la mise en scène. En plus des points déjà évoqués précédemment dans le texte, globalement j’ai été déçu par cette reprise de Nicolas Joël. A part, le 1er acte esthétiquement assez beau (tout au moins vu de haut) le second est hideux surtout lorsque le ciel étoilé disparaît brutalement. Le troisième est aussi assez laid. On a l’impression que les lumières sont en grève.Comme la scène est tout le temps nue, voir tous les défauts des praticables et des toiles de tissus fortement éclairés par des lumières crues n’a rien de passionnant. La magie du rêve n’opère plus. Tous les protagonistes chantent pratiquement toujours immobiles en avant scène sur la pointe du plateau qui avance sur la fosse d’orchestre. Ce côté statique ne me dérange absolument pas, surtout pour une œuvre comme celle-ci, mais il faudrait que le tout soit un peu plus esthétique (par jeu d’acteurs et lumières). Souvenons-nous des magnifiques mises en scène de Wieland Wagner à Bayreuth avec ses plateaux entièrement nus. Quelle efficacité et beauté.

La suite de ce texte dans quelques semaines avec le Tristan de Strasbourg et de Bordeaux. Suspense !

Jean-Claude Meymerit

JCM-Bordeaux @ 11:35
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La question qui a failli me faire mourir…de rire !

Posté le Dimanche 30 novembre 2014

Ce dimanche, je sors d’une salle de spectacle où était présentée une opérette devant une salle pleine de têtes blanches féminines beaucoup plus fans de Luis Mariano que de Kendji Girac.Très peu d’hommes présents dans la salle. Il est vrai qu’ils n’ont jamais été fans de ce genre de spectacle.

Imbibé encore d’airs de fiesta espagnole et de olé repris en chœur par la salle, une dame sur les marches de la sortie m’interpelle tout en se déplaçant vers moi pour me demander si j’avais le résultat du match de foot des Girondins. Surpris, et après lui avoir fait répéter la question, je me mets à hurler de rire et lui fais comprendre qu’elle s’était trompée de bureau d’informations. Son regard ébahi m’obligea d’entrer un peu plus dans l’explicatif : « Madame, je suis désolé mais je ne connais pas ces gens là, je ne comprends pas ce que vous me demandez ! «. Je trouve cela assez drôle. Voilà une dame qui sort, comme moi, d’un spectacle et qui me demande si j’ai le résultat d’un match de foot. Dans un fou rire qui commençait à m’étouffer, je m’interroge : comment, étant dans la salle à regarder et écouter un spectacle j’aurais pu écouter la radio ou regarder la télévision (suis-je bête, par mon smartphone que j’aurais bien évidemment dû  laisser allumer spécialement pour ce résultat !). Par ailleurs, pourquoi à moi cette question ? Elle n’a pas eu de chance : le seul mec de la salle à ne rien connaître en foot et encore moins à s’y intéresser. Pourquoi n’a t-elle pas demandé à une femme ?

L’anecdote  fut complète, lorsque je retrouve cette dame à l’arrêt du tram. En levant les yeux, mon regard tombe sur une immense enseigne d’un magasin juste en face de l’arrêt : « les éleveurs Girondins ». Tant pis je me lance : « Madame ce ne sont pas les gens que vous cherchez ? ». Sans réponse, dommage !

Idiote peut être comme remarque de ma part, mais qu’est ce qu’à ça fait du bien de s’amuser et de rire aux éclats !

JCM-Bordeaux @ 23:52
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Novart 2014 à Bordeaux : suis-je devenu complètement crétin ?

Posté le Jeudi 27 novembre 2014

En effet, en sortant d’une séance théâtrale dans le cadre de Novart, je viens de me rendre compte que je suis devenu complètement crétin ! Mon cerveau ne fonctionne plus ! Je n’ai rien compris de ce « pseudo spectacle. L’affiche annonçait : « duo entre théâtre et performance ». Pourquoi pas ! Cet ensemble était proposé à Bordeaux au marché de Lerme et interprété par une jeune compagnie bordelaise.

Une fois le public installé dans l’obscurité, tous les stores du pourtour du marché se lèvent laissant entrer la lumière artificielle extérieure des lampadaires et des phares des voitures venant ainsi éclairer l’espace scénique. Aussi, dès cet instant, on a envie de se laisser porter par le rêve, la non-existence, le fantasme, le quotidien ou le vide. Par contre lorsque les deux personnages garçons entrent en piste dans des gestes désincarnés, déthêâtralisés, tout s’écroule. Cela devient inintéressant et ringard (car vu mille fois depuis les années 70). Tout est de l’à peu près, pas fini. Par exemple lorsqu’ils voient des scènes de la rue se passer sous nos yeux,  un vieillard courbé passant à tout petits pas sur le trottoir, un monsieur rentrant sa poubelle avec fracas, un motard, s’harnarchant près du vitrage et démarrant son bolide dans un bruit sourd, une famille longeant les vitres du marché en regardant vers l’intérieur, etc…..,ils auraient pu jouer avec un peu plus d’insistance théâtrale. Toutes ces scènes et ces visuels frôlant le voyeurisme auraient dû être des éléments moteur de ce « pseudo spectacle ». Au fait, de quoi je me mêle, ce n’est pas moi le metteur en scène, d’ailleurs je n’ai toujours rien compris à ce qui se passait sur scène ! Malheureusement, pendant une heure, on assiste à un défilé de petits gestes étriqués du quotidien, aucune parole, des déplacements inaboutis…

Puis, ô surprise, un des deux jeunes garçons ouvre la bouche ! Il parle ! Du moins je l’imagine car là aussi, voix inaudible, mauvaise diction. Il lit quelques paragraphes d’un texte d’un philosophe. Au cas où vous l’auriez oublié », je n’ai toujours rien compris ! Peut-être que vous, oui ?

Après avoir écouter la présentation de leur compagnie en plein milieu du spectacle, puis s’être farci une chanson en play back, une lutte au sol entre les deux garçons (ma foi assez esthétique) vient nous réveiller. Hélas, on retombe dans l’ennui. Qu’une heure est longue lorsqu’on s’e…….car on ne comprend toujours rien (tout au moins moi), ni à la démarche, ni au sujet.

Le moment que j’ai préféré fut lorsque trois personnes du public ont voulu quitter la salle en plein spectacle. Par où passer ? Portes fermées et obligées de faire le tour du plateau à la vue de tout le monde. Très drôle !

Après quelques applaudissements protocolaires, je serais sorti de ce magnifique lieu sereinement, si je n‘avais pas lu sur le programme de mon voisin la  liste des collectivités locales participantes à ce projet. On rêve ! La totale. Ils se sont tous donné la main et ouvert leur tiroir caisse. Combien d’euros en subventions a coûté cette production, et sur quels critères ? Pendant ce temps d’autres compagnies, avec des créations théâtrales ambitieuses, solides, artistiques, attendent toujours un seul euro de toutes ces collectivités et sont obligées de mettre la clé sous la porte. Les organisateurs de Novart voient-ils les spectacles avant de les programmer ? Comment les sélectionnent-ils ?

Dix euros la place pour du « pseudo-théâtre-performance » c’est cher. Avec les subventions données, ne pourrait-il y avoir gratuité (surtout dans un bâtiment de la Ville). Où est donc passée la culture populaire et l’art contemporain pour tous? Il y aurait certes un peu plus de monde et les déceptions moins grandes. Je croyais que c’était la mission de Novart.

Avec ce texte, je  réagi…l’effet artistique recherché par les organisateurs est donc atteint. Seulement, moi aussi j’ai le droit de me moquer et de faire la guerre à l’imposture théâtrale,  c’est aussi ça, l’art contemporain ! De plus, j’ai payé. Mais au fait, n’ayant toujours rien compris…..vais-je rester crétin ?

JCM-Bordeaux @ 16:47
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Au théâtre des Champs Elysées : un duo d’amour pour Cléopâtre

Posté le Mercredi 26 novembre 2014

Cet émouvant duo d’amour, nous le devons à Sophie Koch et Michel Plasson. Ils nous entraînent tous les deux dans une profonde tendresse musicale. Cet événement lyrique vient d’avoir lieu à Paris, au théâtre des Champs Elysées. Il s’agit de l’œuvre de Jules Massenet « Cléopâtre » Qui a déjà vu cet opéra de Massenet en version scénique ? Pas grand monde je suppose. Aussi, même en version concert, comme ce soir, l’intérêt était des plus passionnants. Devant une salle pleine et les micros de France musique, Paris recevait cette reine de l’Antiquité pour la première fois.

Ma reine ou marraine (les deux réunies) est Sophie Koch. Cet ouvrage ne lui est pas inconnu puisqu’elle a déjà eu l’occasion de le chanter à Salzburg en 2012. De plus, Sophie Koch est la marraine de CollineOpéra, association organisatrice de la soirée, qui invite la musique à venir au secours d’enfants en danger du monde entier. Quel élan de générosité ! Tous les protagonistes de cette soirée se produisent gracieusement (solistes, chœur, musiciens…) ainsi que la mise à disposition de la salle, offerte par la direction du théâtre des Champs Elysées.

Dans le casting de ce soir beaucoup de changement, mais avec d’heureuses surprises. La première vient du ténor Benjamin Bernheim. Voix puissante, claire et surtout bien projeté, le tout agrémentée d’une très belle diction (pas besoin de surtitrage). Ce dernier compliment peut être également adressé à Frédéric Goncalves, remplaçant Ludovic Tézier malade, dans le rôle de Marc Antoine. C’est l’occasion de redécouvrir avec beaucoup de plaisir ce baryton dans un rôle de premier plan et d’apprécier la plénitude de sa voix. Un grand bravo également à l’ensemble de tous les autres chanteurs sans oublier la grandeur du chœur de l’Orchestre de Paris.

Avec Sophie Koch et Michel Plasson, nous sommes dans l’extase musicale. De somptueuses pages de l’œuvre (trop courtes, hélas !) ne pouvaient pas exister sans la subtilité des magnifiques phrasés très colorés et puissants de Sophie Koch dans le rôle de Cléopâtre et les vagues de sonorités musicales suaves et envoûtantes de Michel Plasson dirigeant l’Orchestre Symphonique de Mulhouse. On peut parler même de volupté.

Jean-Claude Meymerit

JCM-Bordeaux @ 12:41
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Deux étoiles ont brillé furtivement sur la scène du Grand Théâtre de Bordeaux

Posté le Vendredi 24 octobre 2014

Je veux parler de Christaine Vlassi et d’Attilio Labis. Lorsqu’ils sont venus saluer ce soir au final de « Suite en blanc » clôturant le premier spectacle de ballet en hommage à Serge Lifar, une grande vague d’émotion a traversé mon cœur d’admirateur pour les grands danseurs étoiles de Paris des années 70. J’ai eu la chance d’applaudir maintes fois ces deux étoiles dans les plus grands pas de deux classiques ainsi que beaucoup d’autres comme Noêlla Pontois, Ghislaine Thesmar, Patrice Bart, Jean Guizerix, Claire Motte, Georges Piletta, Cyril Atanassoff, Michaël Denard, Wilfride Piollet…sans oublier Charles Jude. Quels souvenirs !

Lorsque ce soir, je vois nos deux étoiles bordelaises actuelles, Oksana Kucheruk et Igor Yebra évoluer, je suis également ému. Quel dommage que leur talent ne soit pas assez médiatisé comme ils le méritent et que nous ne les voyons pas plus souvent dans des spectacles de grands pas de deux ou extraits de ballets classiques !

Jean-Claude Meymerit

JCM-Bordeaux @ 22:30
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A l’Auditorium de Bordeaux : à qui s’adresse « La Légende d’Iseult » ?

Posté le Jeudi 23 octobre 2014

La question reste entière. On se la pose aussi bien sur le spectacle lui-même que sur le prix des places.

Quelle belle et noble idée ce raccourci musical de l’opéra de Richard Wagner « Tristan et Isolde », mais à qui s’adresse t-il ? Au mélomane wagnérien ? Au néophyte ? Au jeune ? On ne sait pas très bien. Ce concert est bâtard et manque d’ambition et d’originalité. On voit bien que Novart n’est pas passé par là !..

Pourtant dès les premiers accords, on se laisse bercer et prêt à accepter une longue ballade dans la légende de ces deux héros. On déchante assez vite. Le texte-réplique de Tristan est narré en français et agrémenté de quelques bribes d’explication sur le déroulé de l’histoire. Il est mis en surtitrage afin d’être en harmonie avec la traduction du texte chanté en allemand par la soprano. Le principe de ce duo, narrateur et chanteuse accompagnés de dix talentueux musiciens est très intéressant mais c’est vraiment un raccourci simpliste de l’œuvre de Wagner. Quel est l’intérêt ?

En sortant de la salle, je rencontre quelques connaissances. Nous avons tous le même sentiment et le même avis sur le concert mais de plus, nous sommes habités d’une certaine aigreur concernant le prix des places : 30 euros, prix unique nous dit-on au guichet. On se moque de qui ! Surtout que les annonces, éditées sur Internet et dans le programme papier de l’Opéra, stipulent des tarifs allant de 15 à 30 euros. Cherchez l’erreur ! A l’entrée de l’Auditoruim, quelques personnes sont parties. Ce n’est pas normal ! Il y a un vrai problème de fond et de communication. Déjà que le remplissage de ce concert est assez faible, si les prix dissuadent, le but culturel et artistique n’est pas atteint. J’avoue avoir eu la chance, car moi même quittant le guichet (ne voulant pas dépenser à mon tour 30 euros pour un concert d’une heure) un spectateur m’a offert une place qu’il avait en surplus. Qu’il en soit remercié vivement.

JCM-Bordeaux @ 22:14
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A l’Opéra de Lyon : La Fura Dels Baus a encore frappé !

Posté le Vendredi 17 octobre 2014

Un opéra mis en scène par Alex Ollé du collectif La Fura dels Baus nous fait toujours déplacer. Quelle surprise nous réserve t-il, cette fois-ci ? Ce qui est évident, c’est que la magie frappe toujours. Ce Vaisseau fantôme ou Der Fliegende Holländer donné à l’Opéra de Lyon en première ce samedi dernier n’a pas démenti et les effets scéniques sont toujours aussi surprenants. Bien sûr on n’est pas dans le grand délire de ce collectif de la Tétralogie de Wagner à Valence, mais comme pour le Tristan et Isolde de 2010 dans cette même salle de Lyon, la mise en scène est respectueuse du livret, tout en lui donnant des reliefs  à couper le souffle. Par contre, autant pour le Tristan j’avais été scotché du début à la fin, pour ce Vaisseau, je suis plus nuancé. Même, si les effets d’occupation de la scène sont au maximum, la direction d’acteurs semble laisse un peu trop de vide. Une fois en avant scène, les chanteurs solistes et ceux du chœur bougent pauvrement. On perd certaines émotions.

Les vidéos sont toujours aussi efficaces, surtout celles qui sont projetées au sol, le relief de celui-ci bouge à tout moment – bancs de sable modifiés en fonction de la houle et des marées -. La coque rouillée du bateau qui s’élève dans les cintres est impressionnante. L’accès du pont se fait par une immense échelle qui oblige les chanteurs à se harnacher pour monter et descendre. La sécurité avant tout !

Venons en aux chanteurs. Avec un timonier, Luc Robert, aux accents clairs et puissants, tout s’annonce bien. L’arrivée de Daland ne fait que confirmer. Quel plaisir de retrouver Falk Struckmann. Après avoir été un magnifique Holländer en 2000 à l’Opéra de Paris, il est aujourd’hui Daland. Aux rayonnantes couleurs de voix, ce rôle l’habite, il est le personnage. Face à lui, le Holländer de Simon Neal est magistral. Prestance et présence sont au rendez-vous. C’est le style de personnage de hollandais que j’aime. Sa voix est puissante, claire, avec toute la distance souhaitée par le personnage. Humain et fantôme ? La Mary de Eve-Maud Hubeaux, aux beaux accents, tient honorablement son rang même si j’aurais aimé que les directives de son jeu soient plus précises.

Pour les deux autres protagonistes, Erik et Senta, je reste un peu sur ma faim. Vraiment dommage. Tomislav Muzek dans le rôle d’Erik me laisse assez indifférent. Je ne trouve pas que sa voix et son jeu soient des plus passionnants. Il est assez rare de trouver un Erik idéal. C’est d’autant plus dommage que l’écriture musicale de ce rôle est très séduisante pleine d’amour passion et de douceur. La voix qui me pose le plus de problème d’appréciation est celle de Senta. Elle est claire, puissante avec de beaux médiums mais les aigus se raidissent et ce n’est pas toujours agréable à l’oreille. On sent presque ses limites. J’ai beaucoup souffert pour ses derniers phrasés. Cette chanteuse Magdalena Anna Hofmann est très bonne comédienne et sa voix juvénile aux supers assises aurait pu correspondre au personnage. Alors pourquoi, cette sensation ? L’effet première ?

La place des chœurs dans cet ouvrage est énorme. Cette masse vocale nous a conquis. Les jeux vocaux et sonorités entre les hommes et les femmes sont somptueux d’émotions. Que dire de la direction d’orchestre ? Je me suis un peu ennuyé et ceci dès les premières mesures. Ce côté pépère m’a beaucoup gêné d’autant que je ne possédais aucune information sur les intentions du chef d’orchestre Kazushi Ono. Je suis donc resté assez frustré.

Chaque fois que je me rends à l’Opéra de Lyon, je suis toujours fasciné par ce théâtre. Quelle beauté et quelle élégance. Tout d’abord la façade et son majestueux dôme. Il fallait oser et Jean Nouvel a osé. Dans le hall, ce sont les couleurs noires et rouges qui dominent avec des éclairages indirects qui annoncent déjà la magie du spectacle. Puis vient l’ascension vers les étages, par des passerelles à claire voie en aluminium qui couinent et qui bougent. Pour les « vertigeux » dont je fais partie, c’est la galère, mais quelles émotions. Toutes ces passerelles épousent l’imposante coque noire laquée qui englobe le fond de la salle. Dès que nous franchissons le sas d´accès à la salle d’un rouge éclatant et fortement éclairé, nous entrons dans la salle ou l’inverse opère. Nous entrons dans une boîte entièrement noire. Quelle classe ! Chacune des places possède devant elle une petite loupiote qui créait une étrange ambiance. Le raffinement est également présent dans la tenue vestimentaire des filles et des garçons qui nous accueillent. Vêtus d’un tee shirt noir et d’un pantalon noir à soufflets rouges dans le style « samouraïs ». Ils sont très beaux. Et surtout très avenants avec le public. Que tout cela fait du bien !

Jean-Claude Meymerit

 

 

JCM-Bordeaux @ 17:40
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Touche pas à mon fil, je tricote !

Posté le Lundi 13 octobre 2014

Avez-vous remarqué quel cinéma font les gens avec les fils d’écouteurs de leur smarphone, iphone et ceux de leur chargeur ? Quel cirque ! Sans vouloir paraître misogyne primaire, je constate que ce sont surtout les filles qui ont ce problème d’emberlificotage des fils lorsqu’elles les tirent de leur sac. Les jeunes cadres dynamiques, eux, gardent tous les fils pendus à leurs oreilles (faut pas perdre les infos de la planète). Avec tous ces fils qui pendouillent, on croirait un étiquetage sur les mannequins des vitrines de vêtements au moment des soldes.

Pour en revenir au démêlage des fils, il a toujours lieu, comme par hasard, dans un lieu public lorsque la position garde à vous est la seule possible. Un coup de coude dans le dos, dans l’estomac, et je te tire un bout du fil et j’en tire un autre…Lorsque la personne discute avec quelqu’un d’autre c’est encore pire car elle ne sait même plus ce qu’elle démêle et dans quel sens elle sépare les fils. Et ça dure des plombes !

Face à ce constat et à ce temps passé à faire travailler ses dix doigts souvent inutilement, je suggère que tous ces doigts s’activent pour de bonnes causes en donnant à leurs propriétaires des aiguilles à tricoter et des pelotes de laine. Chacun pourrait ainsi réaliser son œuvre laineuse, soit au point près, soit à la manière de Thérèse dans « le Père Noël est une ordure » avec sa serpillère à trous pour les bras. Imaginer les soirs de débauche dans le tramway, tout le monde avec des aiguilles à tricoter. On pourrait même détricoter le pull de son voisin pour faire le sien… Quel beau lien social !

JCM-Bordeaux @ 10:06
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Pas d’effet « magnétic » avec la langue de Shakespeare !

Posté le Mercredi 8 octobre 2014

Dans le cadre des circuits du Bus d’Art contemporain des Dimanches sans voiture, organisés par la ville de Bordeaux, la première halte de ce dimanche, eu lieu place Paul et Jean-Paul Avisseau devant l‘école primaire Stendhal, quartier des Chartrons. Là sur un pan de mur d’enceinte de l’école sous le projecteur naturel du soleil, nous attend une magnifique fresque allant du blanc au noir en passant par une palette de gris. Elle représente un groupe de cinq minois de gamins expressifs à souhait. Sur la gauche de ce mur, une phrase de Nelson Mandela en gros caractères est peinte au pochoir. De couleur rouge, elle est écrite en anglais ce qui me paraît logique. Jusque là rien d’original. Cette œuvre est du célèbre artiste nantais Jef Aérosol, précurseur de l’Art Urbain, depuis les années 82.

Mon appréciation complète et positive de cette œuvre fut parasitée par une demande naïve que je fis au prestataire bordelais qui la présentait. Face à cette vingtaine de mots en anglais exposée sur un espace public à la vue du commun des mortels, je lui demande pourquoi il n’y avait pas une traduction en français de la phrase de Mandela dans un coin de cet immense mur. Sa réponse, sans appel et devant témoin : « vous n’avez que chercher vous-même la traduction ». Whahou ! Et vlan ! Belle réponse ! Insistant, il me signale qu’une traduction si petite qu’elle soit, aurait déséquilibré l’œuvre ! On rêve par une réponse aussi ridicule. Je rappelle que cette fresque est éphémère et ne doit restée qu’un mois et qu’elle est installée sous les yeux des passants petits et grands. Aussi, elle est sujette à d’éventuelles dégradations et là on ne posera plus la question d’équilibre ou non !

Cette réponse est un mépris et une insulte aux personnes qui comme moi ne maîtrise pas parfaitement l’anglais. Je ne suis pas sûr que tous les habitants de ce quartier et les tous petits de l’école connaissent parfaitement la langue de Shakespeare. « les institutrices sont là pour leur expliquer », me lança une dame qui écoutait notre discussion. Et revlan !

Pourquoi sommes-nous tout le temps obligés de « subir » la langue anglaise sous prétexte que c’est de l’Art contemporain. Je ne suis pas sûr que c’est comme ça que l’on sensibilise le public de la rue. Je pense le contraire. Il n’est pas question de revendiquer le franchouillardisme primaire, mais lorsqu’on se trouve en groupe constitué – qui a payé – pour découvrir et mieux appréhender des œuvres d’Art contemporain, le minimum d’information doit être donné par les organisateurs. Le musée des Beaux-Arts de Bordeaux l’a très bien compris et dans son exposition actuelle sur des photographies de l’Ouest américain, a doublé chaque grand titre par une version française. Ici, on nous respecte et aussi nous y retournerons !

JCM-Bordeaux @ 9:51
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