« Quand on veut noyer son chien on dit qu’il a la rage ». C’est exactement ce qui se dit pour l’Opérette (*) : « elle est malade, moribonde, c’est une forme de spectacle d’un autre temps, elle n’attire que les vieux…« . C’est faux ! L’Opérette pourrait rester à la mode si tout le monde en décidait autrement et y mettait les moyens (les directeurs de théâtre, les artistes, les médias…). Ce n’est pas en réservant l’Opérette à une certaine catégorie de personnes que l’on pratique l’ouverture artistique à tous. Cette forme de ghetto organisé est révoltant.
Un directeur de théâtre lyrique (à quelques exceptions près), préfère monter mille fois une Flûte enchantée ou une Traviata qu’une Fille de madame Angot ou une Véronique. Pourquoi ces derniers ouvrages seraient-ils moins « public » que les autres. Il n’y a pas un public pour chacune de ces catégories (Opéra, Opérette). Il s’agit d’un même public. Dans l’absolu bien entendu. Dans la réalité, le système et les dénigrements sont tels que l’on met la catégorie Opérette dans le tiroir du ringardisme et tout est mis en oeuvre pour garder ce genre de spectacle dans sa poussière. Jérôme Deschamps à l’Opéra comique de Paris a bien compris la situation et grâce à lui l’Opérette retrouve petit à petit ses lettres de noblesses.
Le déclic de mon manifeste en faveur de l’Opérette m’est venu d’une manière plutôt bouillonnante ce dimanche après-midi dernier en assistant à la représentation d’un des plus célèbres opéras-comiques « la Fille de madame Angot » de Charles Lecocq. Cette production avait lieu dans une salle populaire de la banlieue Bordelaise « le Pin Galant ». Comme chacun le sait ce lieu ne créait pas de spectacles mais propose des spectacles tout faits, clé en main. En proposant ce spectacle un dimanche après-midi, la direction est sûre de faire le plein avec un public vieillissant ou les cannes ne passent pas inaperçues. Lorsqu’en haut des quelques marches du théâtre je regarde monter péniblement tous ces gens, une personne à côté de moi me balance « on se croirait au festival de cannes« . Même si ce jeu de mots est facile et ultra connu, je n’ai pu m’empêcher d’éclater de rire. Facile certes mais que ça fait du bien !…Aussi, si dans quelques années je vois rire quelqu’un, gorge déployée en haut de ces mêmes marches, me voyant arriver avec une cane, je penserai à ce dimanche là et j’en rirai moi même.
Revenons à nos moutons (ces derniers me font penser à la Mascotte d’Edmond Audran). Il y a quelques années elle fut montée à Paris en grande pompe avec un tapage médiatique exagéré. Cette production était lourdement montée, ennuyeuse, sans âme. Erreur de parcours. Une Opérette doit être montée dans une légèreté de rythme, de mise en scène, de jeu, de décors et costumes…et de diction. L’Opérette doit rester une fresque de plaisir pour l’oreille et la vue. C’est ça la clé de l’Opérette. Contrairement aux idées reçues, tout le monde ne peut pas chanter l’Opérette. Il faut des voix, des personnalités, des chanteurs comédiens.
Ce que j’ai vu et entendu ce dimanche, ne réunissait malheureusement pas tous ces ingrédients. « Mais faute de grives on mange des merles » ! J’avais rarement vu et entendu un souffleur aussi présent. Manque de répétitions ? Avec l’exemple de cet après-midi là, on se rend compte immédiatement que la médiocrité (ou les manques de moyens) dans un spectacle d’Opérette ne pardonnent pas. Où sont les Opérettes montées au Grand Théâtre de Bordeaux du temps de Gérard Boireau ? Distribution de haut vol, chorégraphie pétillante, choeur chantant et jouant, décors et costumes étincelants et bien adaptés à chaque artiste et surtout des mises en scène bien ficelées et finies. En clair des spectacles modernes attirant un très nombreux public des plus variés.
Aujourd’hui : public très vieillissant ???, rareté des productions, et productions non abouties. Demain : public varié, nombreux spectacles d’Opérettes, productions soignées. Pourquoi pas. Rêvons !
(*) entendons par ce mot générique : opéra comique, opéra bouffe, opérette viennoise, opérette féerie etc…
Jean-Claude Meymerit
La question reste entière. On se la pose aussi bien sur le spectacle lui-même que sur le prix des places.
Quelle belle et noble idée ce raccourci musical de l’opéra de Richard Wagner « Tristan et Isolde », mais à qui s’adresse t-il ? Au mélomane wagnérien ? Au néophyte ? Au jeune ? On ne sait pas très bien. Ce concert est bâtard et manque d’ambition et d’originalité. On voit bien que Novart n’est pas passé par là !..
Pourtant dès les premiers accords, on se laisse bercer et prêt à accepter une longue ballade dans la légende de ces deux héros. On déchante assez vite. Le texte-réplique de Tristan est narré en français et agrémenté de quelques bribes d’explication sur le déroulé de l’histoire. Il est mis en surtitrage afin d’être en harmonie avec la traduction du texte chanté en allemand par la soprano. Le principe de ce duo, narrateur et chanteuse accompagnés de dix talentueux musiciens est très intéressant mais c’est vraiment un raccourci simpliste de l’œuvre de Wagner. Quel est l’intérêt ?
En sortant de la salle, je rencontre quelques connaissances. Nous avons tous le même sentiment et le même avis sur le concert mais de plus, nous sommes habités d’une certaine aigreur concernant le prix des places : 30 euros, prix unique nous dit-on au guichet. On se moque de qui ! Surtout que les annonces, éditées sur Internet et dans le programme papier de l’Opéra, stipulent des tarifs allant de 15 à 30 euros. Cherchez l’erreur ! A l’entrée de l’Auditoruim, quelques personnes sont parties. Ce n’est pas normal ! Il y a un vrai problème de fond et de communication. Déjà que le remplissage de ce concert est assez faible, si les prix dissuadent, le but culturel et artistique n’est pas atteint. J’avoue avoir eu la chance, car moi même quittant le guichet (ne voulant pas dépenser à mon tour 30 euros pour un concert d’une heure) un spectateur m’a offert une place qu’il avait en surplus. Qu’il en soit remercié vivement.
Dans le cadre des circuits du Bus d’Art contemporain des Dimanches sans voiture, organisés par la ville de Bordeaux, la première halte de ce dimanche, eu lieu place Paul et Jean-Paul Avisseau devant l‘école primaire Stendhal, quartier des Chartrons. Là sur un pan de mur d’enceinte de l’école sous le projecteur naturel du soleil, nous attend une magnifique fresque allant du blanc au noir en passant par une palette de gris. Elle représente un groupe de cinq minois de gamins expressifs à souhait. Sur la gauche de ce mur, une phrase de Nelson Mandela en gros caractères est peinte au pochoir. De couleur rouge, elle est écrite en anglais ce qui me paraît logique. Jusque là rien d’original. Cette œuvre est du célèbre artiste nantais Jef Aérosol, précurseur de l’Art Urbain, depuis les années 82.
Mon appréciation complète et positive de cette œuvre fut parasitée par une demande naïve que je fis au prestataire bordelais qui la présentait. Face à cette vingtaine de mots en anglais exposée sur un espace public à la vue du commun des mortels, je lui demande pourquoi il n’y avait pas une traduction en français de la phrase de Mandela dans un coin de cet immense mur. Sa réponse, sans appel et devant témoin : « vous n’avez que chercher vous-même la traduction ». Whahou ! Et vlan ! Belle réponse ! Insistant, il me signale qu’une traduction si petite qu’elle soit, aurait déséquilibré l’œuvre ! On rêve par une réponse aussi ridicule. Je rappelle que cette fresque est éphémère et ne doit restée qu’un mois et qu’elle est installée sous les yeux des passants petits et grands. Aussi, elle est sujette à d’éventuelles dégradations et là on ne posera plus la question d’équilibre ou non !
Cette réponse est un mépris et une insulte aux personnes qui comme moi ne maîtrise pas parfaitement l’anglais. Je ne suis pas sûr que tous les habitants de ce quartier et les tous petits de l’école connaissent parfaitement la langue de Shakespeare. « les institutrices sont là pour leur expliquer », me lança une dame qui écoutait notre discussion. Et revlan !
Pourquoi sommes-nous tout le temps obligés de « subir » la langue anglaise sous prétexte que c’est de l’Art contemporain. Je ne suis pas sûr que c’est comme ça que l’on sensibilise le public de la rue. Je pense le contraire. Il n’est pas question de revendiquer le franchouillardisme primaire, mais lorsqu’on se trouve en groupe constitué – qui a payé – pour découvrir et mieux appréhender des œuvres d’Art contemporain, le minimum d’information doit être donné par les organisateurs. Le musée des Beaux-Arts de Bordeaux l’a très bien compris et dans son exposition actuelle sur des photographies de l’Ouest américain, a doublé chaque grand titre par une version française. Ici, on nous respecte et aussi nous y retournerons !
Stop à ce harcèlement collectif qui essaie de vous faire passer pour un idiot personnage, inculte, pas branché, en dehors du monde…sous prétexte que vous ne connaissez pas le personnage à la mode, personnage inodore et incolore ; star d’une vulgaire émission télévisée. On veut vous faire croire que si vous ne le connaissez pas, vous êtes un vieux ringard encore sous l’emprise des postes de radio à galène et dansant la bourrée dans les bals du samedi soir.
Fort d’avoir été, à deux reprises, victime de ce type de réflexion et de situation, je m’insurge haut et fort.
La première fois eu lieu lorsque je fus invité à une soirée people à laquelle je ne voulais absolument pas participer. La responsable organisatrice, pour me persuader, sortit sa dernière carte : « vous savez, il y aura untel » (ce untel était un sportif médiatisé, illustre d’après elle mais complètement inconnu pour moi). Aussi sec, je lui rétorque que je ne connaissais pas ce sportif. Choquée, elle me dit « ah bon vous ne le connaissez pas « , « eh bien non ! ». Pour lui faire remarquer sa stupide réaction, je lui demande en boumerang : « connaissez-vous unetelle ? » Sa réponse fut bien sûr « non », et dans une délectation jouissive, je lui donne le nom d’une grande chanteuse wagnérienne ( si elle avait su, je ne sais pas quelle réaction j’aurais eu à mon tour…mais c’est une autre histoire).
La seconde fois que j’ai reçu ce genre de remarque remonte à quelques jours. Un monsieur me remet lors d’une manifestation publique un jeu de questions-réponses qui devait me faire gagner une invitation à une réception dans un grand château viticole bordelais en présence d’unetelle, personnalité très connue dans le monde des top models. Face à mon refus de participer à ce genre de jeu (de surcroît avec des questions stupides dignes d’un site internet atteint par une attaque de virus), ce monsieur me donne le nom de ce top model. Me voyant complètement hébété devant son jovial minois et son excitation lubrique rien qu’en annonçant son nom, je lui dis que je connaissais pas cette personne. Pris un peu au dépourvu, il me liste son CV (avec qui elle était mariée, ses prestations…). « je m’en fous lui dis-je, je ne la connais pas et j’ai horreur de tous ces peoples ! ». Pour se faire aider dans sa détresse, d’avoir devant lui une personne complètement inculte et arriérée, il appelle une de ses collèges et lui raconte ironiquement mon ignorance. Aussitôt dans ma tête : si j’appliquais la même technique que la première fois ? C’est parti, je me lance : « et vous, vous connaissez vous, unetelle, untel unetelle… ». A mon tour d’admirer leurs têtes déconfites de cabillaud prêt à être transformé en morue. Lorsque je leur donne la réponse (j’avais choisi à nouveau des noms de grands chanteurs lyriques internationaux), le silence s’établit.
« Un à un », leur lançai-je ! et je quittai la place…..
Vous connaissez tous Sanna, cette immense et magnifique créature plantée majestueusement place de la Comédie, œuvre du célèbre artiste sculpteur catalan Jaume Plensa. Pendant plusieurs mois la ville de Bordeaux a hébergé dans divers lieux stratégiques (Pey Berland, Jardin public, place de la Bourse, Camille Julian, La Bastide, place de la Comédie…)…) de nombreuses créations de cet artiste qui furent fortement appréciées, presque à l’unanimité, de tous les passants. Certains souhaitaient vivement garder une de ces œuvres de manière permanente dans le paysage bordelais. Seulement problème ! Qui pouvait en acheter une ?
Une oeuvre artistique achetée par les citoyens, et non imposée (comme la flèche de la Victoire ou la Tortue, le Lion bleu ou la Maison à Pellegrin etc…), pourrait avoir un impact certain. Moi-même très sensible à toutes ces sculptures de Jaume Plensa, je rêvais que la Ville en acquière une, mais d’une manière originale, c’est dire que ce soient les bordelais eux-mêmes qui l’achètent sur la base d’un petit calcul rapide.
Partant de l’hypothèse qu’une oeuvre coûte aux environs de 500 000€ et que Bordeaux est composée de 250 000 habitants, la participation mathématique reviendrait à dire que chaque habitant pourrait donner 2€. Approche très théorique bien sûr. Dans l’absolu, entre ceux qui pourraient donner effectivement minimum 1€, à ceux qui pourraient verser des centaines et milliers d’euros, en passant par des mécènes, des entreprises, des commerces, etc…l’achat pourrait se réaliser. A condition que la méthode de récolte de ces fonds soit entre les mains des bordelais (groupe de citoyens) soutenus techniquement par les Services de la Ville. Malheureusement, la suite des événements a complètement biaisé mon idée initiale.
Concrètement, ma proposition portait principalement sur l’oeuvre installée rive droite, sur l’esplanade Edmond Géraud, car elle était en prise directe avec le poète précité. Cette oeuvre de Plensa en forme de triptyque « The poets » représentait la poésie et la philosophie. Edmond Géraud célèbre écrivain et poète bordelais de l’époque romantique, habitait pratiquement sur ce même espace. De plus, ces 3 statues de Plensa, posées en haut de mats donnaient l’impression d’avoir été créées pour ce lieu aussi bien de jour comme de nuit (éclairés intérieurement de couleurs changeantes). Elles étaient idéales pour y séjourner. Cette préférence que j’ai fortement soutenue était également liée à la proximité du Lion bleu de Xavier Veilhan. Tout cela me semblait avoir un sens, une logique culturelle et patrimoniale.
N’aurions-nous pas eu ainsi une magnifique vitrine Bordeaux rive droite sur deux grands artistes contemporains mondialement connus ?
J’ai proposé au Journal Sud-Ouest, avec beaucoup d’insistance, de lancer cette idée de souscription afin d’avoir des retours et créer ainsi une dynamique interactive d’acquisition collective d’une des œuvres de Jaume Plensa. Par le grand des hasards, le jour même de la parution de cet article de sensibilisation, le Maire de bordeaux propose au cours d’une conférence de presse la même idée. Bien évidemment la proposition du Maire vient écraser la mienne. Ma vive réaction publique fut sanctionnée par un nouvel article dans le presse mettant plus l’accent sur un fond de polémique que je ne souhaitais absolument pas. Des insultes et calomnies à mon attention suivirent sur un réseau social (jalousie, mesquineries politiques ou tout simplement stupidité..). En effet, nous étions aux portes des élections municipales !…
Même si le Maire de Bordeaux a reconnu publiquement la paternité de mon idée, le ver était dans le fruit et déjà pour moi l’échec de cette acquisition, par l’originalité d’une souscription issue des bordelais eux-mêmes, était du passé. Autant moi, je mettais l’accent sur l’acquisition d’une œuvre (semble t-il la moins chère) et la plus significative dans son emplacement, autant la Ville de Bordeaux misait sur une des plus importantes « Sanna » (création spécifique de l’artiste pour Bordeaux). Renseignements pris, toutes les œuvres étaient déjà entre les mains de propriétaires internationaux, sauf les deux créations spécifiques pour Bordeaux, « Sanna » place de la Comédie et « Paula » place Pey Berland. Le choix final de la Ville fut donc Sanna.
Aujourd’hui à quelques jours de la fermeture de la souscription lancée essentiellement par la Ville, seuls 44 000 € sont réunis sur le montage financier suivant : coût de l’œuvre, 450 000 € : 350 000 € par la Ville et 150 000€ par les souscripteurs. D’après l’élu à la Culture cette acquisition tombe à l’eau. Dommage !
Je suis déçu et content à la fois. Déçu, car garder une œuvre de cet artiste aurait été un fleuron de plus sur la Ville appartenant aux bordelais. Content, car si la Ville avait accepté d’associer à cette souscription des bordelais dans l’organisation par le biais d’un collectif sur la base d’un concept « minimun 1€ » par bordelais ou touristes (via les commerçants, les établissements scolaires, les lieux culturels, le Kiosque culture, les matches sportifs etc..), l’opération aurait abouti. J’en suis certain. En regardant partir cette œuvre vers d’autres cieux, je ne peux m’empêcher d’être triste et amer.
Adieu Sanna, je t’aimais bien tu sais, c’est dur de lutter contre des sculptures de fer !…
Si vous connaissiez mon jeune neveu ! Sportif, cultivé, bien dans ses pompes. Il a 22 ans. Et alors, me dites-vous ? J’y arrive ! En l’espace de quelques minutes, il a failli se retrouver en hôpital psychiatrique après avoir été absorbé par un tourbillon absurde et scandaleux de fonctionnement du monde médical.
Pour répondre à une demande de licence sportive, il doit subir un banal contrôle des yeux. Le rendez-vous est pris chez un ophtalmologiste du centre de Bordeaux à 16h (l’heure est importante). La simple vue de tous ces appareils sophistiqués commence à le fragiliser. N’ayant reçu aucune explication des techniques employées, notre jeune héros signale au médecin que tout cela l’impressionne beaucoup et que s’il n’arrête pas tout de suite les manips sans explications, il allait vomir et tomber dans les pommes. Cause entendue, il arrête. Malheureusement, après ce préambule assez banal, la spirale infernale s’emballe. Le cabinet médical avait déjà appelé une ambulance pour réanimer (?) notre patient. Voyant celui-ci sur pied, et refusant de partir avec eux aux urgences d’un hôpital, un des ambulanciers lui réclame 61 euros pour le déplacement. Refusant de payer ce service non adapté et pas nécessaire, l’ambulancier lui propose le deal suivant : qu’il se laisse faire et qu’il accepte de se laisser conduire en ambulance à l’hôpital, ainsi il n’aura rien à payer (logique implacable !). Seulement voilà, il y a une autre condition, il doit être attaché et mis sur une civière pour le transport. Résistant quelque peu, mon jeune neveu accepte ce nouveau deal (toujours pour ne pas payer les 61 euros).
Arrivé aux urgences de l’hôpital St André de Bordeaux, le jeune n’avait qu’une chose en tête, partir, récupérer sa voiture et rentrer chez lui. Hélas ! Pour quitter l’hôpital, il faut qu’un médecin le voit et donne son accord sur un bon de sortie. Revendiquant haut et fort qu’il est en très bonne santé, nenni, une infirmière, après de multiples examens d’analyses, lui impose un déshabillage et lui revêt la fameuse et si séduisante blouse de malade tout en lui installant un appareil au bras (un tensiomètre je suppose). Elle lui demande ensuite d’attendre en salle. Déjà à ce moment précis de cette histoire à frémir, notre jeune, parti pour un examen de routine des yeux, se retrouve en tenue légère, un tensiomètre au bras dans une salle d’attente des urgences et toujours en pleine forme. Pendant ce temps dans la même salle, des gens soufrent et hurlent de douleur et attendent des heures. On croit rêver devant tant d’absurdité. N’en pouvant plus de cette situation ridicule et des heures s’écoulant pour rien, notre jeune enlève la machine du bras et va se rhabiller. L’infirmière surgit et l’informe que si le médecin de service le voit fuir, il sera attaché et obligé d’absorber de force des calmants (rien que de l’écrire, j’en frémis ). Elle rebranche la machine et le médecin arrive. Mon jeune neveu lui raconte toute l’histoire sans oublier de rajouter son slogan « je suis en pleine forme ! » OK dit le médecin « mais avant que je vous relâche et pour être sûr que vous êtes en bonne santé, vous allez passer un électrocardiogramme ». Et c’est reparti ! Passer le test, attendre les résultats et les papiers de sortie, notre jeune est lâché sur le trottoir de l’hôpital bordelais à 22h.
Pour une visite des yeux d’une demi-heure, le cauchemar s’est transformé en plus de cinq heures. Sa voiture, elle aussi a attendu des heures dans un parking payant (non remboursées par la Sécurité Sociale). Cinq heures de temps perdu et inutile, passées entre les mains du monde médical. Si l’on additionne, ambulance, ambulanciers, infirmière, médecin, secrétaire…voici une opération qui mérite quelques instants de réflexion, d’une part, sur le fond de la prévention médicale exagérée et d’autre part, sur le gaspillage de l’argent public.
Je n’aurais jamais imaginé qu’il eût fallu, pour comprendre le premier programme du concert de Paul Daniel, nouveau Directeur musical de l‘Orchestre national de Bordeaux Aquitaine, avoir passé une thèse en culture musicale éditée en dix volumes, ou avoir écouté en boucle tous les enregistrements des œuvres de Purcell et de Malher téléchargés d’une manière illégale sur Internet…
Très bêtement, je lis le programme du premier concert de ce nouveau Chef : «Music for the Funeral of Queen Mary» de Henry Purcell et «Symphonie n°2 en ut mineur« de Gustav Malher.
Or, comme je n’avais pas fait attention au «slogan» de Paul Daniel «Etonner et innover par plus de variété, plus de contrastes, plus de risques… », je me rends à l’Auditorium serein, heureux de passer une superbe soirée sans prise de tête. Ce « slogan » aurait dû m’interpeller car j’y adhère absolument. A condition qu’une communication suive. On ne peut pas accepter de brouiller les pistes d’un public qui n’est pas forcément averti. N’entendons-nous pas toujours dans les couloirs de l’Opéra de Bordeaux, qu’il faut sensibiliser les jeunes et attirer un nouveau public à la musique classique ? Le bousculer oui, mais en lui offrant les bases et non annoncer par micro au début du concert : »n’applaudissez pas avant la pause de la première partie… » Quelle première partie ? Après l’œuvre de Purcell ? ou au milieu de l’œuvre de Malher ? Celui-ci en effet, avait souhaité qu’il y ait une pause de quelques minutes entre deux mouvements. Autant on peut comprendre aisément la volonté de Malher en laissant le public quelques instants dans le silence, on ne comprend pas qu’il ne faille pas applaudir dans l’Auditorium avant l’entr’acte alors que tout le monde se lève, fait du bruit, va boire et fumer. L’annonce faite au micro est ridicule et apporte un peu plus de confusion à l’assemblage de ces deux œuvres. Qu’est ce que j’aurais aimé que quelqu’un vienne en avant scène et explique ce que nous allions entendre et donner d’éventuelles consignes, même stupides, comme celles de ne pas applaudir ! Heureusement que quelques personnes, qui devaient être en train de passer leurs derniers messages sur leur smartphone ou préparer en direct le repas de leur famille restée à la maison (ce fût le cas devant moi), ont applaudi. Je ne parle pas de tous ceux qui sont restés les mains jointes, hésitants comme entrant en méditation.
Marier deux oeuvres qui n’ont rien à voir entre elles, à part, comme m’a dit un de mes voisins de sièges «ce sont les funérailles qui les lient ! ») Certes, mais comme dit Cyrano «C’est un peu court jeune homme !...»
Heureusement que les 500 personnes qui ont occupé le sol de la place de la Victoire le soir de la retransmission en plein air sont plus cultivées que moi et ont compris du premier coup que la première partie du concert était composée de l’œuvre d’un musicien suivie immédiatement de la moitié de l’œuvre d’un autre musicien. Deux auteurs qui n’ont rien en commun entre eux, sinon 200 ans d’écart. A moins que ce ne soit ce chiffre de 200, le fil conducteur de la soirée, car nous avions sur scène une centaine de musiciens et une centaine de choristes.
Grandiose ! Tout était absolument magnifique, bouillonnant, puissant et délicat à la fois. Que ce soit l’Orchestre et son nouveau Chef, les artistes du Chœur de l’Opéra et ceux de l’Orfeon Pamplonés, Henriette Bonde-Hansen et bien sûr Nathalie Stutzmann…du velours, l’émotion était au rendez-vous : Henry et Gustav se mariaient !
Jean-Claude Meymerit
Quelle hypocrisie ! Je viens de prendre le train entre Marseille et Bordeaux avec pas plus d’appréhension qu’entre Toctoucau ville et Toctoucau plage (à vérifier !), et pourtant !
Entre Nîmes, Montpellier, Béziers, Narbonne, les choses se compliquent. Alors que l’ambiance est paisible, deux jeunes filles viennent s’adresser à moi pour signer une feuille (nom, adresse etc…) afin de réunir des fonds pour une structure d’handicapés. Elles-mêmes ont un handicap, elles sont muettes. En vérité, elles ne sont muettes que lorsqu’elles s’adressent aux voyageurs car entre elles, elles tchatchent normalement.
Cette feuille d’émargement et de promesse de versement d’argent, contient déjà plusieurs signatures. Je leur demande leur carte d’autorisation de démarcher dans le train, même si leur feuille porte la signature de faux (logo et siège social illisibles, tâches de gras, feuille légèrement froissée et écornée), leur réponse (plutôt leur non réponse, n’oublions pas qu’elles sont muettes) est limpide. Je les ai envoyées promener. Elles ont eu davantage de «chance» avec mes voisins de voyage. Et ça signe et ça signe !… Je suis scotché par autant de naïveté et d’insouciance.
Lorsqu’elles ces deux damoiselles ont quitté le wagon, un de mes voisins senior et signataire, s’adresse à moi et me dit : « je ne sais pas si j’ai bien fait de signer, elles sont bizarres ! ». Je le regarde droit dans les yeux et lui dit « vous savez, lorsque les gens seront toujours aussi cons de signer sans regarder et sans se poser les bonnes questions, il ne faut pas qu’après, ils se plaignent ! » Pas élégant comme réponse c’est vrai mais terriblement efficace. Comme un électrochoc, il bondit de son siège affolé, et court à la poursuite de nos deux fausses muettes. Il revient bredouille, abattu, vidé…il s’est fait avoir. Elles étaient descendues. Il avait donné son nom, son adresse et sa promesse de don.
Passent les contrôleurs que j’interpelle pour en savoir un peu plus. Leur réponse m’a cloué : « ce n’est pas la première fois, c’est classique, il s’agit de personnes qui montent dans les gares Languedoc Roussillon, font signer des faux documents tout en essayant de récolter de l’argent » et ils rajoutent : « des fois elles volent les sacs et objets posés sur les tablettes pendant que les passagers dorment ». Paraît-il que cela dure depuis des années et tous les jours.
Pas d’amende en tant que voyageur sans billet, pas d’expulsion, on laisse faire. A ma question : « pourquoi vous n’avertissez pas les voyageurs, comme dans certains lieux publics, par une phrase, style : des risques de pickpocket peuvent intervenir, prenez soins de vos bagages et objets personnels etc.. », leur réponse fut « on n’a pas le droit de faire des annonces sur ce fléau, la SNCF ne veut pas ! ».
Alors je pose la question : pourquoi ? Du coup, ce sont eux qui sont restés muets !
Il y a des expositions de peintures qui vous laissent pantois dès que l’on franchit le seuil de la galerie, il y en d’autres qui vous invitent plutôt à faire demi tour. C’est ce qui m’est arrivé ces jours-ci en me rendant à la cour Mably voir une présentation des oeuvres de Nicole Kirsch. Ce n’est pas du tout la qualité artistique et les sujets présentés de cette artiste qui me laissent froids mais plutôt la scénographie totale de l’expo. Que c’est laid !
Pourquoi avoir peint les panneaux de fond en jaune alors que les oeuvres elles-mêmes sont très colorées. Ce fond jaune absorbe toute la lumière des toiles et assombrit la pièce. Les éclairages sont très mauvais, certains tableaux sont presque dans l’obscurité. Aucune unité dans l’assemblage des toiles qui sont dans des formats et des encadrements les plus fantaisistes. Ne voulant pas rester sur une mauvaise impression, j’y suis revenu plusieurs fois et chaque fois le même sentiment. Je ne suis pas le seul, car lorsque je me suis mis à observer les visiteurs, leur tour de salle est aussi rapide qu’un marathon dans une salle de gym.
Comme se fait-il que la Ville de Bordeaux n’ait pas pu choisir une exposition estivale plus flatteuse pour une ville en plein flot touristique. Si Bordeaux avait voulu mettre l’accent sur des artistes bordelais, il aurait fallu un peu mieux les valoriser. Ce n’est pas une bonne image du dynamisme et de modernité culturelle locale. Heureusement que Jaume Plensa est passé par là en nous magnifiant artistiquement la Ville.
Nota : Miracle ! Je viens d’apprendre qu’il y a une exposition de sculptures à la Halle des Chartrons. Juste le temps de récupérer un peu de doc au kiosque culture et me voilà parti ! Les portes de la halle sont grandes ouvertes, de la musique classique s’en échappe comme pour vous inviter à y entrer. Là sur le seuil, le miracle opère. Les sculptures sont simplement disposées sur des podiums bruts, un peu partout. Pas de sophistication. C’est simple et super efficace. Elles vous proposent même d’être touchées et caressées. Elles sont en bois de chêne, de robinier, d’acacia, de pin, de platane…Le plaisir ne serait pas complet sans la présence de l’artiste. Chic, il est là ! Il se nomme Balma. Artiste connu et très apprécié, fait sa rentrée bordelaise après trois ans d’absence. Les œuvres ne sont pas que de lui, elles sont : lui. Il parle de chacune d’elles comme un romancier parle de son œuvre littéraire ou comme un amoureux de sa bien-aimée. C’est du grand Balma.
Tous les caprices de ce Monsieur et son attitude d’enfant trop gâté, fatiguent et hérissent le poil à de plus en plus de publics.
Sa dernière colère eu lieu à la seconde représentation à l’Opéra de Marseille des Troyens de Berlioz, donnée en version de concert. Alors que toute l’équipe de chanteurs se donnait à fond (et que de belles voix), ce Monsieur les yeux fixés sur la partition, comme s’il la découvrait pour la première fois, a commencé surtout à nous agacer lorsqu’il rata quelques phrasés (il est vrai que le surtitreur n’est pas le copain des chanteurs) et qu’il retourna brusquement son pupitre vers le Chef pour bien lui faire comprendre qu’il y était pour quelque chose. Insupportable aussi ses effets de fausses sorties pour réapparaître brusquement en projetant ses deux « Italie ! Italie ! » Quel effet grand guignol ! Pire encore ! Alors que tous gardaient la classe, lui gesticulait sans cesse avec des effets de bras et des poses de cabo. De plus, vis à vis de ses collègues, il veut tout régenter (les entrées, les sorties, les saluts…). C’est lui et les autres. Je ne veux pas parler de la partie chant, très critiquable. D’autres dans la salle se sont permis de lui rappeler au salut final et à juste titre.
Ce salut final fut fatal à son égo. Il ne supporta pas que le public n’accepte plus tous ses à-peu-près aussi bien dans son chant que par sa présence. Sa réaction fut lamentable, scandaleuse et vulgaire. Comme à son habitude dans ces cas-là (et ça se renouvelle), il se plante en avant scène, arrogant et demande au public de venir chanter à sa place. Facile ! A Marseille, alors que tous les musiciens, les chœurs et les chanteurs étaient sur scène (après plus de quatre heures de chant), lui accoudé de manière provocante sur le socle du Chef, attendait que le public finisse d’applaudir ou de huer, lorsque quelqu’un du premier rang lui fit signe de venir. Il sauta dans la fosse d’orchestre (encore un effet de cabo) et s’approcha de la rambarde. Une discussion confidentielle s’instaura entre ce monsieur de la salle et lui. Qu’est qu’ils se sont dit ? Pendant ce temps tout le monde sur scène attendait très mal à l’aise et ne sachant pas quoi faire. Le Chef d’orchestre était médusé, Béatrice Uria Monzon faisait une tête terrible. Les autres faisaient des tentatives de quitter le plateau mais restaient, le sourire coincé. Le public poursuivait son mécontentement et ce Monsieur continuait à discuter dans la fosse. Le public ne tenant plus à cette goujaterie et à ce mépris, reparti de plus belle. Une de ses admiratrices (elles vont commencer à se faire rare…) voulait lui transmettre un gros bouquet de fleurs. Une des chanteuses sur scène le récupère et le donne à ce Monsieur. La salle se soulève à nouveau lorsque ce Monsieur garda pour lui tout le bouquet sans avoir le geste d’offrir une des fleurs de ce bouquet à Uria-Monzon et aux autres artistes. Très imbu de sa personne et
fier de se montrer en avant scène avec ce bouquet. Honteux ! Je rappelle que dans cet ouvrage, ce n’est pas le ténor qui a le plus grand rôle. Avec un tel ego, pourquoi l’a t-il accepté ?
Tout le plateau et la salle se sont vidés dans la tristesse et dans la colère. A la sortie des artistes, lorsqu’il est apparu, il n’a voulu bien évidemment signer aucun programme et s’est enfourné dans sa voiture. Lorsqu’une de ses fans lui dit très fort dans la foule : « Roberto à vendredi ! », il répondit : « Non ! » Pas de dessin, tout le monde avait compris, vexé de cette soirée marseillaise, il allait annuler son récital d’Orange qu’il devait donner quatre jours plus tard. Chose promise, chose due, le couperet est tombé, il a annulé ce récital. Pas de remplaçant ??? (lorsque Kaufmann a annulé un de ses récitals avec une partenaire, il a était remplacé et le concert a eu lieu). Les Chorégies d’Orange à force de jouer la carte Alagna pour faire le plein, n’avaient pas prévu le coup. Tant pis pour la partenaire de ce soir là, la grande Anna-Caterina Antonacci. Alors que tant de monde aurait aimé l’entendre. Motif de cette annulation : état de santé avec certificat à l’appui. Je ne savais pas que les vexations étaient prises en charge par les assurances maladies. Ce Monsieur Alagna se moque vraiment de nous tous, de ses partenaires et de son public.