Que les réseaux sociaux diffusent en continu des fausses infos et des tsunami de c… nous sommes impuissants à ce fléau, mais que l’on touche à mon pote écrivain préféré, sieur Molière, je crie stop !
Depuis des années, il existe sur le site internet d’une grande institution française de télécommunications de la famille des agrumes, la publication des programmes de télévision en ligne. Pour chaque émission, une succincte présentation est présentée. Or, pour les pièces de théâtre, on nage en plein folklore. L’ordinateur de cette société ne connaît que les mots “ divertissement ” et “ mis en scène par…” Comme le montre l’image ci-dessus, on lit d’abord le nom de la pièce puis divertissement – pourquoi pas le mot théâtre ? – , le nom du metteur en scène., la distribution et une mini résumé de l’action. Ce soir ce sont les Fourberies de Scapin dont la mise en scène annoncée est de Molière. J’ai failli tomber de mon balcon sous le choc de cette onde sismique.
Je ne pensais pas que 350 ans après sa création au Palais Royal, la mise en scène de l’époque – ce mot n’existait pas – était couchée sur des registres de marbre voués à la postérité, que la Comédie française gardait précieusement dans ses placards ? Ridicule ! Par contre, cela n’a l’air de choquer personne, et encore moins la société de diffusion de ces programmes télé qui, malgré des courriers adressés, ne bronche pas. Je me mets dans la tête de certains téléspectateurs qui lisant cette info croient que c’est vrai, et que c’est bien Molière qui est le metteur en scène de cette production. Hilarant de bêtises ! Qu’en pense Denis Podalydes le vrai metteur en scène de cette magnifique production de la Comédie française ? Nous sommes en pleines fourberies contemporaines.
Ce samedi 18 juillet, c’est dans une ambiance de soirée estivale telle que nous les aimons, que s’est tenue au Domaine de Malagar, maison de François Mauriac, la Nuit de la Lecture. Dominant la vallée de la Garonne et à quelques kilomètres de Langon, se sont cette année les comédiens Ariane Ascaride et Jean-Marc Baar qui se sont installés sous la voute des tilleuls du parc.
Sur une herbe fraichement tondue, plus deux cent personnes, dont certaines ressemblaient étrangement à Elephant Man – chapeau de paille ou casquette enfoncés, masque jusqu’aux yeux, lunettes noires –, ont pris place sur les chaises brûlantes. Rester plus d’une heure en plein soleil, devient un exploit de résistance corporelle à l’insolation plus qu’à une attaque du Covid 19. C’est dans cette première heure que les deux comédiens nous ont lus les premiers chapitres du roman de François Mauriac, les Anges noirs. Ce serait injuste de ma part et surtout mal venu de remettre en question l’immense talent de nos comédiens présents, qui ont fait leurs preuves dans de très nombreuses pièces de théâtre et surtout de films. Mais, par contre en tant que lecteur, ils ont oublié quelqu’un : le public. Je suis resté un peu sur ma faim. Je n’ai pas été convaincu par leur manière technique de lire. J’aime que le lecteur regarde à qui il s’adresse. J’ai besoin de me sentir invité par le lecteur. Si pour voir quelqu’un, tête basse pendant plus d’une heure, le regard fixé à son texte, je préfère écouter la radio. Pour moi la lecture en public doit être partagée. Ce n’est pas suffisant qu’il n’y ait que la lecture, il faut qu’elle soit dédiée à quelqu’un. Un enseignant lorsqu’il lit, lève les yeux de temps en temps vers ses élèves. Pour les comédiens ce doit être pareil. Ce sont ces rencontres de regards qui font le partage. De plus ce n’est pas très passionnant de regarder pendant des heures une personne dont on ne voit à aucun moment ses yeux.
Dans la seconde partie de la soirée en l’absence souhaitée du soleil, la lecture de chroniques drôles et acerbes de Philipe Lançon, un des rescapés de l’attentat contre Charlie Hebdo, nous a permis d’avoir droit à quelques oeillades des comédiens. Ouf, que cela fait du bien !
Au fil des époques, le jour du Nouvel An n’a pas toujours la même saveur.
Il n’y a pas si longtemps, sans remonter bien loin, je me souviens que ce jour-là était consacré à la famille et aux amis les plus proches. On se rendait visite en fin d’après-midi, sans rendez-vous, pour se souhaiter une bonne année, autour d’une tasse de café, de quelques pâtisseries ou d’un apéritif du soir. Cette journée du 1er janvier permettait aux personnes vivant seules ou isolées de recevoir leur famille ou de voir de rares amis, mais surtout de papoter un moment avec eux.
A l’époque, sur le coin du buffet, commençaient à s’entasser les cartes de vœux déjà reçues, écrites par des personnes éloignées. Même si dans la tête de chacun, la corvée des réponses pointait son nez, car il fallait répondre à tous ces expéditeurs avec la même méthodologie. C’est alors que l’utilisation du téléphone fixe simplifia significativement la corvée de l’écriture. C’était un moyen de discuter avec des personnes que nous n’avions pas la chance de voir tous les jours. Cela prenait du temps mais les émotions et les sentiments passaient. Il y avait une vraie communication.
Avec l’arrivée du téléphone portable et sa banalisation, la situation a complètement basculé. Un paradoxe. Aujourd’hui, les cartes de vœux ont pratiquement disparu et ont été remplacées par des messages informatiques impersonnels rédigés avec un minimum de mots, souvent envoyés à un même groupe de destinataires. Sans parler des messages vocaux pré-enregistrés qui sont insupportables.
Par contre les appels téléphoniques directs ont pratiquement disparus. De ce fait, la personne qui est seule ce jour là se sent encore plus seule que d’habitude. Cette année fut pire que les autres années. Les messages informatiques affluent, j’essaie d’y répondre en personnalisant chaque mot. Pas question par SMS de refaire le monde. En trois mots l’histoire est réglée. Pas un appel téléphonique de la journée. Je n’ai pas émis un seul son vocal. J’aurais pu en passer c’est vrai mais je me suis trouvé face à mes propres contradictions. « Ce n’est pas l’heure, je vais déranger, la personne est peut être en vacances etc. » Lorsqu’on est seul, il est très difficile de faire le premier pas. Combien de fois on veut appeler un tel ou une telle, mais on préfère attendre. Même avec sa propre famille. Ce n’est pas normal que l’on puisse se censurer de la sorte.
Le soir arrivant, vous n’avez plus qu’à reprendre tous ces messages écrits reçus et continuer à y répondre en jonglant avec les erreurs de frappe et surtout ne pas écrire les mêmes formules que l’année précédente – tout se conserve sur les fils d’expédition et de réception -. Le sommeil vous guettant, vous êtes crevé. Vos doigts, déjà atteints d’une certaine rigidité articulaire, sont crispés à force de taper sur les touches minuscules de votre clavier de smartphone.
Vous avez reçu des dizaines de messages, mais vous n’avez pas parlé une seule fois de la journée. Comme vous n’avez pas pris le temps de téléphoner à quelqu’un pour vous décongestionner les cordes vocales, il ne vous reste plus qu’à chanter à tue tête la Marseillaise ou à lire à haute voix un texte de Proust en bien articulant chaque syllabe afin de vous débloquer les mâchoires et vous dégraisser les cordes vocales.
L’an prochain, je prendrai le bottin téléphonique à une heure du matin et j’appellerai des inconnus…
Bonjoureee ! me dit cet agent d’accueil d’un grand hôpital public bordelais. Ajouter un e si prolongé à la suite du mot bonjour a le don de faire sortir mon ergot de gallinacés, surtout que cette cascade phonétique de e, du plus fort au plus léger, ressemble à s’y méprendre à la chaîne des œufs – et non des e – à l’intérieur de l’oviducte d’une poule. Lui ayant retourné la politesse avec un bonjour – sans e – elle m’entraîne dans un questionnement digne d’une enquête policière alors que je viens dans cet établissement, pour un suivi annuel, depuis de très nombreuses années.
A la demande de mon adresse mail, blocage. Je lui dis « jean tiret claude point meymerit …» etc. Aussitôt, elle me rétorque : « Le tiret du 6 ou du 8 ? ». Ca y est, ça recommence ! Cette question a toujours eu le don de m’exaspérer. Je suis tellement habitué à cette question ridicule, que je lui réponds « le tiret normal qu’il y a dans le prénom de jean-claude ». Elle reste tétanisée. Qu’avais-je dis de si étonnant ? Elle insiste lourdement « vous devez bien savoir si c’est le 6 ou le 8 ». Je ne sais pas, je suis sous Mac (*). Alors là, à en croire qu’elle entendait ce mot pour la première fois, ou bien pensait-elle peut être que c’était une insulte, elle tapa je ne sais quoi, sortit une fiche d’enregistrement sans me dire un mot. Affaire réglée. Pourquoi devrais-je m’incliner devant des questionnements aussi stupides, alors qu’il suffit d’une simple logique d’écriture. Ca y est, me voilà prisonnier de cet hôpital parce que je ne sais si mon tiret est sous le 6 ou sous le 8. C’est insupportable.
La consultation m’obligea de revenir dans ce même service dès le lendemain pour une précision médicale. L’angoisse ! Je vais être obligé de subir à nouveau les interrogatoires des cerbères de l’accueil. Le rendez-vous était fixé à 10h et mon passage à l’accueil ne devait être qu’une simple formalité (d’après mon médecin). Discipliné, je prends mon ticket de passage n° 903 à 9h25. A l’écran était affiché le numéro 900 et au guichet six dames papotaient. Dans la salle d’attente une seule personne, moi, alors qu’en temps normal il y a un monde fou. Après vingt minutes d’attente, plus que trois dames à l’accueil qui riaient, regardaient des photos sur leurs téléphones portables etc. Ma présence abandonnée dans la salle d’attente ne les préoccupait absolument pas. Le chiffre 900 était toujours affiché.
N’y tenant plus et voyant 10h approcher, je me dirige vers le comptoir pour demander à une des dames pourquoi je ne suis pas appelé alors qu’il n’y a personne. Elle me répond « vous croyez que je tricote ! ». Bien sûr aucune explication de sa part. « votre nom ? » me lança t-elle. A partir de cet instant le cauchemar de l’interrogatoire tant redouté surgit. Impossible d’expliquer que j’étais venu la veille, que j’étais en règle, que le médecin lui avait signalé ma venue. Nenni, elle ne voulait rien savoir et écouter. Elle n’arrêtait pas de me répéter qu’en lui posant des questions je l’empêchais de faire son travail. Alors qu’elle avait tous les documents sous les yeux : ma carte vitale, ma carte d’identité, ma carte mutuelle, le mot du médecin. Rien n’y a fait elle voulait savoir si j’étais marié, divorcé….si j’avais des enfants…qui est mon médecin traitant…Enervé je lui dis que je ne veux pas répondre à toutes ces questions auxquelles j’avais répondu déjà la veille et que tout été déjà inscrit dans le fichier de l’hôpital. Sa seule défense a été de me dire : « j’indique dans votre dossier que vous ne voulez pas répondre aux questions » puis rajoute conquérante « vous ne serez pas remboursé ». Ma réponse fut claire et nette : « je m’en fous, redonnez-moi tous mes documents » et suis parti à mon rendez-vous de 10h.
Lorsque j’ai demandé à mon médecin pourquoi il n’y avait aucun patient dans les couloirs et pourquoi autant de laxisme et de zèle réunis chez les agents de l’accueil, sa réponse m’a éclairé : « tous les responsables du service sont en séminaire pour la journée… ».
(*) pour tous ceux qui ne le savent pas : sous PC Windows et sous Mac Apple les signes des fameux tirets ne sont pas placés sur les claviers au même endroit.
Avez-vous remarqué ce phénomène ou plutôt cette mode qui règne dans les médias et qui m’interpelle de plus en plus ? Je veux parler de la présence sur tous les plateaux de télévision et micros de radios, de tous ces bouquins cachés derrière chaque invité. En soi, c’est enrichissant et passionnant mais au bout de centaines d’émissions, la présence sous le tapis de tout ce foisonnement de bouquins, devient insupportable et indigeste.
Je ne parle absolument pas des émissions spécifiques axées sur la littérature et l’écriture, construites essentiellement sur cet Art et qui ne parlent que de cet Art. J’évoque toutes les autres – politiques, sociétales, gastronomiques, culturelles, divertissements etc., dont les sujets servent de prétexte à la promotion des livres des invités. Dès que quelqu’un (de connu de préférence) a un petit bobo, se fait larguer, à rater sa vie ou a découvert dans le tiroir de sa grand mère, la recette culinaire sur comment bien cuire un œuf dur, il écrit – ou fait écrire – . Tout lui est bon. Aussitôt les médias s’en emparent et cela devient un événement littéraire. Et on en parle, et on en reparle comme si c’était un futur prix Renaudot ou Goncourt.
Cet engouement pour tous ces écrivains-reality qui nous racontent leur vie en long et en large depuis leur enfance, est à la longue assez insupportable. Le talent d’un invité de media, n’est-il pas de raconter son histoire oralement avec passion et humilité sans pour cela être obligé de dire à chaque phrase « comme je l’ai écrit dans mon livre ». Comme on ne l’a pas lu, on s’en fout et comme on n’ira pas non plus l’acheter, on s’en fout encore plus !
Que deviennent tous ceux qui créent, qui pensent, qui ont les mêmes savoir-faire, les mêmes sujets d’études, vécu les mêmes déboires de la vie, qui agissent et appliquent au quotidien leurs idées et leurs projets de vie…et qui n’écrivent pas ? Pourquoi seules les personnes qui sortent un bouquin auraient-elles des idées, feraient partie d’une certaine intelligentsia et auraient-elles droit de cité et seraient invitées ?
Techniquement, cela paraît toutefois assez logique. C’est plus facile de repérer quelqu’un qui a sorti un livre que quelqu’un qu’il faut aller chercher dans la nature. Cependant, si les responsables des medias faisaient un vrai travail d’investigation dans la recherche d’intervenants au lieu de prendre le premier classement de vente de livres ou d’inviter la personne déjà connue médiatiquement, qui va nous raconter pour la énième fois les mêmes banalités, chacun d’entre nous aurait la chance de faire partager ses connaissances, son originalité et son talent.
Etre édité n’est pas toujours pas signe de qualité, d’originalité ou de talent littéraire.
Les librairies sont pleines de tous ces bouquins inutiles et très utiles à la fois. La liberté d’expression existe et c’est un luxe que nous avons de pouvoir écrire et être édité mais il existe livre et livre. Celui du roman et de la fiction et celui des récits, anecdotes, descriptifs, événements, quotidien…Il y a un fossé entre ces deux mondes.
Ce phénomène est d’autant plus surprenant que ce n’est pas sûr que le genre support papier entre les mains de nos concitoyens, soit toujours à la mode. Tout le monde veut écrire et être édité et de moins en moins de personnes lisent ces supports papier – tout au moins les jeunes -. Qui va acheter un livre-reality, alors qu’Internet répond pratiquement à toutes les questions.
Pouvoir écrire, est une chance unique.
Ecrire, est un bonheur extrême.
Etre édité, est une consécration.
N’être jamais invité à prendre la parole, est une frustration.
Garder pour soi ses émotions et son savoir, est une injustice.
Pouvoir en parler, est la liberté.
J’avais déjà signalé dans plusieurs de mes papiers, ce ras le bol de la non compréhension à l’oreille, des textes de théâtre, interprétés par les comédiens et plus particulièrement dans le secteur du théâtre dit public. Un comble ! Alors que ce théâtre fortement subventionné devrait jouer la carte de d’excellence et du bien fait dans ses productions, y compris le respect de la langue française et de son public. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas.
Il n’y a pas que le théâtre qui est touché par ce désastreux fléau. Au cinéma, la situation est encore pire. Comment accepter qu’avec des moyens inouïs utilisés par cet art que l’on puisse encore entendre dans la plupart des films français d’inaudibles textes ? Sans tomber dans la mode du siècle dernier avec ses excessives articulations d’acteurs, le confort du spectateur devrait être toutefois la priorité du réalisateur.
Aussi, pour ces raisons voilà très longtemps que je ne fréquente plus les salles de cinéma pour visionner un film français, dans lequel on ne comprend qu’un mot sur deux. Cette écoute en pointillé à toutefois le stupide mérite de provoquer chez certains spectateurs, des ricanements hystériques, qui, croyant avoir compris le texte et le sens de la scène, se manifestent par des rires « bestialisés ». J’en arrive à me demander si nous devrions pas avoir des sous titres pour les films français. Un comble !
Pourquoi ces comédiens français sont aussi fainéants dans l’articulation et la diction ? Qu’enseignent les professeurs actuels de comédie et que font les réalisateurs. Je pense aussi que les moyens techniques de prises de son utilisés, très sophistiqués, ne sont pas non plus très bien adaptés. J’en ai fait le constat en m’infiltrant dans le tournage d’une séquence de film où les micros étaient installés discrètement sous les vêtements des acteurs ce qui a eut pour effet que les comédiens n’ont aucun effort. Ils ont parlé dans leurs barbes et à la diffusion en salle, cela est devenu inaudible, sans aucun effet d’interprétation alors que la scène se voulait intimiste en utilisant un long texte. N’en déplaise à certains, mais lorsqu’au cinéma ou au théâtre, nous sommes par exemple dans un salon, nous ne sommes pas dans notre propre salon. Une certaine distance, même très discrète, doit avoir obligatoirement lieu.
Récemment, voulant voir absolument un film français, je me suis rendu en salle. L’horreur ! Après des années de constat de ce phénomène, je me rends à l’évidence. Même constat. Un copier coller. On ne comprend toujours rien de certains phrasés. Pour un film sensible avec beaucoup de texte, si on ne capte pas tous les mots et leur subtilité à quoi bon aller au cinéma ?
Ce qui est assez surprenant et agaçant, ce sont les réactions des personnes dans la salle qui ricanent chaque fois que le texte est inaudible. Leur ricanement presque nerveux ou maladif est souvent en contradiction avec l’image à l’écran ou avec ceux qui essaient de trouver des repères. Quelle foire ! Si je dois aller en salle de théâtre ou de cinéma pour me prendre la tête à essayer de comprendre le texte dans sa forme plus que sur le fond, autant rester chez moi. C’est que je fais ? Tchao le cinéma français et vive tous ces films étrangers qui avec leur sous titrages nous transportent dans l’émotion, le rêverie, la drôlerie, les pleurs, la joie…enfin quoi, du cinéma.
Honte aux réalisateurs de ne pas tenir compte de ce phénomène qui perdure trop et honte surtout à tous ces acteurs et comédiens qui ne font aucun effort et qui croit que, parler comme dans la rue, c’est de l’Art et bien non. Le bien articuler au théâtre et au cinéma est une obligation indispensable et une composante incontournable au respect de ces deux Arts et à celui du spectateur.
La phrase qui tue ! Quelle gueule devrions-nous avoir lorsqu’on est arrivé à l’âge d’obtenir des réductions dans les musées municipaux ?
On ne dit jamais à quelqu’un de 25 ans « qu’est-ce que tu fais jeune, pour ton âge ! » Alors, pourquoi le dit-on à ceux et à celles qui avancent en âge et qui vivent normalement avec les ingrédients de la vie. Cette phrase est tellement stupide que je ne vois pas comment, génétiquement, un senior pourrait avoir l’âge d’un étudiant. Comme dit la citation : « on a l’âge de nos artères« . Peu importe si esthétiquement on a naturellement grignoté quelques années à notre état civil. Et encore tout est relatif. Par rapport à quoi ? À qui ? Quels sont les critères d’apparence de référence, correspondant à chaque âge, existe-il un tableau de critères, comme par exemple :
- à quel âge, doit-on perdre ses cheveux ? - à quel âge, les rides doivent-elles surgir ? - à quel âge, les cheveux blancs ont-ils le droit d’apparaître ? - à quel âge, les poignées d’amour doivent-elles servir ? - à quel âge, chez l’homme, le bide doit-il commencer à pointer son nez ? - à quel âge, les muscles doivent ils ressembler à des flans ? Etc.
Ridicule ! À tout âge, on perd ses cheveux, à tout âge on gonfle, à tout âge des rides apparaissent. Alors que l’on nous fiche la paix avec cette réflexion stupide dite à tout instant, sous prétexte de faire plaisir. Ce n’est pas notre faute, si on a gardé un maximum de cheveux, si les poignées d’amour se font discrètes, si les cheveux blancs deviennent élégants, si les rides ne sont qu’esquissées, si le bide ne ressemble pas une montgolfière, etc.
Le paradoxe est que dans la plupart des cas, ce sont à tous ceux et celles qui s’offrent quelques retouches, à qui on a spontanément envie de leur dire, « qu’est ce que vous faites votre âge » ou même « qu’est ce que vous faites vieux. » Alors arrêteront de dire à tous ceux et celles qui sont des vivants – et non des survivants de la vie – qui acceptent de porter avec sérénité leur véritable âge civil : « qu’ils ne font pas leur âge« . C’est justement leur véritable âge qui est leur fierté.
Jaloux !
Depuis quelques temps, je remarque que les gens aiment de plus en plus faire la queue et pas n’importe quelle queue : bien alignés les uns derrière les autres, deux par deux. Etonnant !
Quelle est cette nouvelle tendance branchouillarde bordelaise ?
Pour exemple, il est difficile de ne pas évoquer la queue la plus célèbre de Bordeaux, je veux parler de celle du restaurant « l’Entrecôte », celle que tout le monde connaît, pratique et aime (pas moi). Peu importe le temps, qu’il soit caniculaire, pluvieux, hivernal, ce n’est pas tellement la viande et à sa sauce qui comptent pour tous ces queutards, mais la longueur de la queue et le temps d’attente. Parlez-en avec vos amis, c’est ce qu’ils évoquent en tout premier avant de vous parler de la qualité de la viande.
Pour en revenir à mes moutons, au vrai sens du terme, je veux surtout vous parler de l’arrivée d’une nouvelle queue, celle qui se forme systématiquement pour un oui ou pour un non, au Grand Théâtre de Bordeaux. En effet, est-ce l’influence en ces périodes de fêtes de fin d’année de faire la queue partout et n’importe où qui conditionne les gens, mais ce qui est spectaculaire, c’est que les queues sont de plus en plus longues et étroites. Il faut se mettre par deux de préférence les uns derrière les autres. Lorsque vous êtes seul vous êtes obligé de vous prendre un partenaire de queue. C’est ce qu’on appelle de la cohésion sociale sans subvention publique !!! Au Grand Théâtre, et c’est surtout la l’objet de mon propos, la situation est à mourir de rire.
Dehors sous la pluie, face à l’entrée principale, alors que les places sont numérotés, les gens attendent deux par deux et commence à former une colonne bien droite (ici, employer le mot queue serai déplacé) sur le parvis dallé de la place de la Comédie. Curieux ! Au lieu de se promener, ou tout simplement se mettre à l’abri sous le péristyle du Grand Théâtre.
Un quart d’heure avant l’ouverture des portes, les amoureux de la queue préfèrent s’aligner immobiles et attendre bien face à l’entrée. A l’heure dite, c’est à dire 3/4 d’heure avant le lever de rideau, la porte centrale s’ouvre. Après le passage au compte-gouttes et obligatoire du contrôle vigipirate, ces mêmes personnes reforment des files d’attentes face au 3 entrées d’accès à la salle toujours deux par deux, face au cordon d’entrée. A peine croyable ce moutonnage. Qui leur demande ? Personne ! Ils sont là plantés à ne rien faire. Le plus drôle est que la forme de ces trois queues, pour garder l’expression choisie volontairement dans ce texte, se fabrique anarchiquement. Ces queues, au bout d’un moment, arrivent à se mettre en spirales et à se croiser, dans le hall d’entrée, de manière assez curieuse. Vous êtes-vous déjà trouvé prisonnier d’un noeud de queues. Moi oui ce soir, j’ai failli manquer d’air. Au lieu de visiter le hall, regarder les sculptures, lire les prospectus, de se promener, non, ils attendent par deux que les portes de la salle s’ouvrent. Lorsque celles ci s’ouvrent, il faut savoir que nous sommes encore à 30 minutes du début du spectacle. Etonnant ce besoin de queue !
Que l’on fasse la queue pour obtenir ou voir quelque chose de rare, ou faire la queue pour un évènement aux places limitées pourquoi pas, bien sûr, mais se rendre dans un théâtre où les places sont numérotées avec autant de temps avant l’ouverture et se mettre les uns derrière les autres par deux et attendre bêtement, je me pose plein de questions.
Quelque chose à craquer dans le comportement de tous ces homo sapiens se rendant au Grand Théâtre. Dans les couloirs, on parle de nouveau public qui n’a pas les repères de ce lieu, de nouveau comportement moutonnage style cinéma, de nouveaux consommateurs de la culture, etc… Qui sont-ils ?
Dernièrement, il y a eu une queue qui s’est formée spontanément de l’entrée principale du Grand Théâtre, à l’entrée du quai de la station tram « grand théâtre » en contournant les rails par l’extérieur. Et après ça on dit que le français n’est pas discipliné ! Surtout lorsqu’on ne lui demande et impose rien. Un comble !
Nota : lire un autre feuillet sur ce sujet intitulé dans Anecdotes : Festival de queues à la sauce de poule en tutu !
Elle m’a vraiment pris pour un OGM (Organisme Gros Mongol, comme dirait plutôt mon voisin l’ado) !
« Mangez 5 fruits et légumes par jour » Ce slogan répétitif et envahissant sous forme de matraquage intellectuel, commence à me traumatiser. Lorsque je passe un jour sans avoir accompli cet ordre insidieux, ça y est je suis malade. Le mal à la tête m’envahit et les grouillements en sol majeur de mon ventre se font entendre publiquement.
Pourtant je l’avoue, tous les jours je m’applique. Face à ma grappe de raisin, déjà je bloque, combien faut-il que je mange de grains ? Un seul, la grappe entière ou 5 grains. Lorsque je me fais de frites, combien de pommes de terre ? Lorsque je mange une pastèque, dois-je la manger entière ? Ne parlons pas des haricots verts et surtout des petits pois, le décompte est insurmontable. La liste est longue…
Tout ceci pour dire que ce slogan publicitaire et de marketing font que les marchés font leur beurre. Tant mieux pour les agriculteurs. Pour moi, c’est le but de ma semaine. Tous les samedi matin direction le plus grand marché bordelais. Aller faire l’achat de mes fruits et légumes pour la semaine en tenant compte des 5 par jour devient ma préoccupation première existentielle. La semaine, je mange, je calcule, je pèse et le samedi j’achète. J’ai l’impression que ma vie est réglée à ce chiffre 5.
Ce qui me rassure c’est que je ne suis pas le seul. Alors que ne n’achète, et ceci depuis des lustres, que des fruits et légumes locaux ramassés mûrs qui correspondent à des productions de saison et évitent ainsi les longs, polluants et couteux prix de transport, mes congénères et bobos en prime, sont de plus en attirés soit par des produits exotiques de l’autre bout de la planète, soit, par les produits de quelques maraîchers du coin qui nous offrent des légumes « de leurs jardins » (comme l’explique ce père à son gamin, après avoir déposé son costume de dirigeant pour se déguiser en campagnard du dimanche, et qui s ’aventure dans des explications alambiquées agricoles sur la culture des tomates du marchand, les traces bleues sur les fruits, etc.). Le marchand d’un âge très avancé comme les rides et les déformations de ses tomates, signale au père que ce n’est pas un jardin mais il a omis de nous parler de la présence de bouillie bordelaise sur la surface de ses fruits.
Devant ce petit étal artisanal, une dame s’arrête achète 1kg de tomates et une barquette d’oignons et demande à notre pépé « avez vous des citrons et des oranges ? ». J’ai failli intervenir et être déplaisant. Entendre de telle stupidité m’effraie. Pauvre papy, ! Il est resté sans voix. Cette question reflète bien la non connaissance encore à ce jour de la culture des fruits et légumes, des lieux de productions, les espèces, les variétés, etc…et on nous demande de manger 5 fruits et légumes par jour bêtement, sans nous expliquer les bases de leur production.
Pauvre consommateur, il gobe. Je me souviens d’avoir lu à l’étal d’un grand magasin d’alimentation en plein centre de Bordeaux, l’énormité suivante « pommes du Canada » « provenance France » Le pire est que le responsable des fruits et légumes de ce magasin n’a pas compris ma remarque. No comment !
C’est pas gagné !