Ce samedi 18 juillet, c’est dans une ambiance de soirée estivale telle que nous les aimons, que s’est tenue au Domaine de Malagar, maison de François Mauriac, la Nuit de la Lecture. Dominant la vallée de la Garonne et à quelques kilomètres de Langon, se sont cette année les comédiens Ariane Ascaride et Jean-Marc Baar qui se sont installés sous la voute des tilleuls du parc.
Sur une herbe fraichement tondue, plus deux cent personnes, dont certaines ressemblaient étrangement à Elephant Man – chapeau de paille ou casquette enfoncés, masque jusqu’aux yeux, lunettes noires –, ont pris place sur les chaises brûlantes. Rester plus d’une heure en plein soleil, devient un exploit de résistance corporelle à l’insolation plus qu’à une attaque du Covid 19. C’est dans cette première heure que les deux comédiens nous ont lus les premiers chapitres du roman de François Mauriac, les Anges noirs. Ce serait injuste de ma part et surtout mal venu de remettre en question l’immense talent de nos comédiens présents, qui ont fait leurs preuves dans de très nombreuses pièces de théâtre et surtout de films. Mais, par contre en tant que lecteur, ils ont oublié quelqu’un : le public. Je suis resté un peu sur ma faim. Je n’ai pas été convaincu par leur manière technique de lire. J’aime que le lecteur regarde à qui il s’adresse. J’ai besoin de me sentir invité par le lecteur. Si pour voir quelqu’un, tête basse pendant plus d’une heure, le regard fixé à son texte, je préfère écouter la radio. Pour moi la lecture en public doit être partagée. Ce n’est pas suffisant qu’il n’y ait que la lecture, il faut qu’elle soit dédiée à quelqu’un. Un enseignant lorsqu’il lit, lève les yeux de temps en temps vers ses élèves. Pour les comédiens ce doit être pareil. Ce sont ces rencontres de regards qui font le partage. De plus ce n’est pas très passionnant de regarder pendant des heures une personne dont on ne voit à aucun moment ses yeux.
Dans la seconde partie de la soirée en l’absence souhaitée du soleil, la lecture de chroniques drôles et acerbes de Philipe Lançon, un des rescapés de l’attentat contre Charlie Hebdo, nous a permis d’avoir droit à quelques oeillades des comédiens. Ouf, que cela fait du bien !