Lorsque Annick Massis apparaît sur scène, sa présence et sa voix éclairent immédiatement le plateau. Peut-on imaginer que notre Lucrezia Borgia de Donizetti toulousaine ait pu assassiner, empoisonner…Impossible.
Annick Massis nous fait aimer son personnage. Cette prise de rôle est une réussite totale voire une performance vocale. Le rôle assez long ne ménage pas l’héroïne et ses phrasés musicaux. L’air final, saupoudré de ruptures allant du grave à l’aigu, est saisissant. Sa voix est toujours d’un éclat, d’une puissance et d’une beauté impressionnants. Ses graves sont projetés et sonnants, ses aigus sont solaires, ses longs phrasés sont tenus et posés. Du bel canto par excellence.
Le reste de la distribution pèche un peu dans tous les rôles et plus particulièrement pour celui de Maffio Orsini. De la place où j’étais on devinez sa voix. Le personnage demande plus de puissance et surtout plus d’engagement. Cette jeune mezzo fait son travail correctement mais rien je transpire. Tous les rôles masculins sont à leur place, même si le duc Alfonso de Ferrare demande un peu de profondeur et Gennaro un peu plus d’homogénéité vocale dans ses airs.
Cette production de Toulouse nous vient du Palais de les Arts Reina Sofia de Valence. Elle est simple et sans artifice inutile. Elle sert vraiment de support à l’ouvrage, en regrettant toutefois que la direction d’acteurs de Emilio Lopez soit assez minimaliste ou voire absente. Giacomo Sagripanti à la baguette enveloppe le tout d’une maitrise et ciselage au service de la musique et des chanteurs.
Etre envoûté l’espace d’un soir par une Borgia, c’est le must !
Jean-Claude Meymerit, dimanche 27 janvier 2019