Quelle idée de proposer une opérette telle que Dédé de Henri Christiné dans une salle aussi vaste que celle du Pin Galant à Mérignac ! Malheureusement, le résultat est frustrant. On sent vraiment le « remplissage » par des stocks de boites à chaussures mises en tas, sans précision ni sens logique. Certains autres accessoires du spectacle sont à peine dignes d’un spectacle de patronage.
Pour cette oeuvre, pouvons-nous parler d’opérette ou de comédie musicale ? A la création de Dédé à Paris en 1921, n’étions-nous pas déjà dans l’ère des spectacles musicaux avec l’arrivée du genre comédie musicale américaine où le rythme musical jazzy était primordial ? Pour Dédé, j’opterais plutôt pour l’appellation théâtre musical car le texte parlé est très omniprésent. Il s’agit vraiment d’un vaudeville théâtral avec en saupoudrage des parties chantées et non l’inverse.
A l’inverse d’une opérette grand spectacle à la Françis Lopez avec ses choeurs, ses danseurs, ses nombreux changements de décors et costumes demandant de l’espace et dont le visuel est l’un des principaux attraits, Dédé, bien au contraire, est basé sur la simplicité et l’efficacité, décor unique, peu de monde sur scène, costumes épurés et argument de l’histoire de style léger dans l’esprit de l’époque.
Dans cette production, même si les éclairages sont réduits à leur minimum sans relief, le décor de fond avec sa porte tournante et son escalier de style Art déco est beau et fonctionne bien. Derrière les murs de toiles, l’orchestre se cache. Lorsque il doit intervenir des lumières l’éclairent discrètement. L’effet est intéressant et esthétique. Une dizaine de musiciens compose la formation musicale.
Côté voix, il est très difficile d’en apprécier leurs vraies valeurs. Micros aidant. Un comble, être obliger de sonoriser une production comme Dédé. Il y a confusion de genre. C’est une oeuvre qui a été créée pour des salles d’environ 500 places. Même le Grand-Théâtre de Bordeaux lorsqu’on y présentait cette opérette ne paraissait pas trop grand avec ses 1200 places ! Pourquoi ? Parce que les distributions étaient de haut vol avec des chanteurs d’opéra sachant jouer la comédie, chantant et parlant fort sans micro.
Je suis étonné qu’un spectacle programmé en tournée dans de grandes salles de spectacles françaises ne se soit pas donné les moyens de faire d’une oeuvre comme Dédé un vrai bijou, pétillant et agréable à l’oeil, avec surtout une distribution adéquat. N’y a-t-il pas des chanteurs français pouvant porter ce répertoire, ayant des voix intéressantes avec des talents de comédiens ? Comment le cap des générations de public peut avoir lieu, si les producteurs et les directeurs de théâtre ne sont pas plus sensibles à cette forme d’art qu’est l’opérette. Il suffit de jeter un coup d’oeil circulaire ce soir dans la salle pour se rendre compte que les têtes blanches et les rides étaient de fête. Mais où est la relève ?
Avec des mêmes moyens, nous aurions dû admirer et apprécier un décor chaleureux et moderne, des lumières précises, des accessoires seyants, un plus grand nombre de danseuses-vendeuses et jeunes (3 c’est ridicule) et surtout des chanteurs avec des belles voix et des physiques de l’emploi sachant jouer la comédie avec une gestuelle non atrophiée, des coupures dans le texte un peu vieillot et surtout un plus grand rythme musical. Ces quelques clés ne sont-elles pas les signes de réussite d’une comédie musicale actuelle ?
Jean-Claude Meymerit
10 janvier 2018
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