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Archive pour janvier 2018

A l’Opéra de Bordeaux, Pelléas et Mélisande…grandissime !

Quel parcours de combattant pour avoir une place ce dimanche 21 janvier à l’Auditorium de Bordeaux pour assister à la seconde et dernière représentation (pourquoi que 2), de Pelléas et Mélisande de Claude Debussy.

Avant même de l’avoir vu, on sentait déjà qu’il ne fallait pas rater un tel événement lyrique. L’affiche affichait un plateau de rêve.

Après l’avoir vu, on conseillerait même que c’est le spectacle qu’il est obligatoire de voir ou d’avoir vu une fois – ou plusieurs fois – dans sa vie. Tout y était réuni. Aussi, il est très difficile de savoir par qui ou par quoi commencer. La réussite en revient en tout premier à l’Orchestre national de Bordeaux Aquitaine avec à sa tête Marc Minkowski. Un fleuve de velours aux contours mordorés. Quelle magie d’équilibre entre ses musiciens tous placés sur scène et les chanteurs jouant et se déplaçant tout autour. C’est alors qu’opère la signature du metteur en scène Philippe Béziat lorsque les lumières de la salle s’éteignent et que le plateau avec en son centre l’orchestre entouré de praticables, de voilages noires et d’un immense fond noir de scène, sur lequel sont projetées des séquences vidéos.

Ce ne sont pas les vidéos en soi qui sont passionnantes – peut-être même un peu trop – , mais plus les espaces ou elles sont projetées. De plus, leur traitement en noir et blanc est fabuleux de classe. Des forêts, de l’eau, des regards, des grottes…des profondeurs de champ et du trompe l’œil à couper le souffle. Avoir utilisé un grande partie de la salle – aux dépends des spectateurs qui n’ont pas pu avoir de places - dans toute sa hauteur et largeur, est grandiose. Le metteur en scène Philippe Béziat connaissant parfaitement cet ouvrage – l’ayant traité au cinéma - a aussi une grande connaissance de l’espace et de l’esthétique. Ce fut pour moi, un très grand choc visuel.

Sa direction d’acteurs est aussi exceptionnelle. Tous bougent avec précision en exprimant en continu toutes leurs émotions, par leurs gestes, leurs postures et les expressions de leur visage. Les chanteurs sans exception sont les personnages. Que dire des voix ?

La sublime et mal reconnue des directeurs de théâtre, Sylvie Brunet-Grupposo, aborde à nouveau le rôle de Geneviève avec toute l’intelligence vocale (et quel timbre !). Jérôme Varnier reprend le rôle d’Akel qu’il aborde lui aussi sur de nombreuses scènes. Sa chaleureusement voix de basse toujours appréciée, est mise au service de ce personnage complexe et profond.

Les trois principaux rôles, sont des prises de rôles. Alexandre Duhamel apporte à Golaud toutes les facettes voulues par ce rôle avec une voix chaude et puissante au jeu précis et torturé. Un très expressif Golaud. Chiara Skerath est Mélisande à qui elle s’en remet toute entière. Dès son apparition, on devine qu’elle est déjà perdue aux deux sens du terme. Sa fragilité jusqu’au destin final nous émeut, grâce aussi à cette très belle voix à la fois légère et engagée aux tendres médium. Séduisante découverte. Reste le personnage de Pelléas. On ne remerciera jamais assez Stanislas de Barbeyrac d’avoir tenté ce rôle. Il est Pelléas par la voix, le physique, le jeu. Sa magnifique voix de ténor aux larges médiums nous enchante. Tout est beau. De plus c’est un fin comédien. Vivement que nous le revoyons dans ce rôle.

Si par hasard, Monsieur le Directeur de l’Opéra de Bordeaux, vous tombez sur ce modeste billet, pensez à Sylvie Brunet et à reprendre sans trop tarder ce fabuleux Pelléas.

Jean-Claude Meymerit

22 janvier 2018

 



A l’Opéra national d’Amsterdam, un Tristan et Isolde d’amour !

Il n’était pas question de rater cette production co-produite par le Théâtre des Champs Elysées et l’Opéra de Rome. Ne l’ayant pas vue à Paris, je m’empresse de me rendre à Amsterdam, d’autant plus que la distribution proposée me semblait plus intéressante que celle des deux autres théâtres partenaires. Réunis en cette première du 18 janvier, sur l’immense plateau du National opéra et ballet d’Amsterdam, tous les noms des chanteurs affichés laissaient prévoir une représentation de rêve. Ricarda Merbeth, Stephen Gould, Günther Groissböck, Michelle Breedt, Iain Paterson… Ils allaient nous enchanter.

Tous ces artistes, je les connaissais et je venais de les applaudir, pour la plupart, cet été à Bayreuth, tout au moins Merbeth, Gould et Paterson affichés dans une mise en scène de la petite fille de Wagner. Autant l’approche et la mise en scène de cette dernière ne m’ont pas du tout séduites et émues, autant celle de Pierre Audi à Amsterdam m‘a profondément passionnée.

Certes, elle n’effacera pas toutes ces mises en scènes que j’ai eu la chance d’applaudir à droite et à gauche aux quatre coins de l’Europe. Mes préférences allant à celle d’Olivier Py à Angers, de Kaus Guth à Dusserdorft, d’Alex Ollé à Lyon, de Christophe Marler à Bayreuth, sans parler de celle d’Antony Macdonald à Strasbourg que j‘ai adorée, sans oublier celle de Giuseppe Frigeni à Bordeaux.

Celle de Pierre Audi est passionnante par ses presque non-dits ou ses non-montrés. Les décors bougent, les lumières animent sans arrêt le plateau, les chanteurs font de grands déplacements occupant l’ensemble de l’immense espace. C’est très théâtralisé, voire géométrique ; la direction d’acteurs se voit et cela m’intéresse. Voir le faux… D’autant plus que les deux héros se croisent, se regardent sans se regarder, se parlent sans se parler etc. Qui joue avec qui ? On cherche, on hésite, on veut comprendre à tout instant les intentions du metteur en scène. Pas de filtre de mort ou d’amour sous forme liquide, mais la manipulation d’une pierre noire et d’un diamant. Ces deux pierres aux pouvoirs magiques se retrouvent en grandeur géante en décor principal au second acte. C’est passionnant. Cette œuvre se prête tellement bien à toutes ces interprétations.

J’aurais une petite réserve pour la scène finale avec le  grand air d’Isolde. Je trouve qu’il a manqué au metteur en scène, un soupçon d’imagination pour cette fin tant attendue et appréciée du public. Dans la production d’Audi, on reste un peu sur sa fin.

Côté chanteurs, quoi dire ? Que Ricarda Merbeth est toujours une Isolde engagée au timbre clair, symbolisant bien un jeune Isolde. Sa voix est puissante et ses aigus cinglants. Stefen Gould est toujours immense dans ce rôle. Pas un seul instant de fatigue, quelle puissance lui aussi dans les aigus et quelle clarté. Dans le rôle du roi Mark, le plaisir apparaît dès les premières notes de Günther Groissböck. Son personnage et sa voix sont à l’opposé de certains rois Mark trop vieux ou aux voix trop profondes qui en font des personnages voués à être cocus. Chez Goissböck, sa jalousie est visible avec beaucoup de jeunesse et d’humanité, sans fatalisme.

Tous les autres rôles sont défendus avec beaucoup de présence aux voix idéales pour ces rôles en citant tout particulièrement Michelle Breedt et Iain Paterson, habitués à leur rôle respectif.

Marc Albrecht conduit avec grandeur et précision le magnifique Orchestre Philarmonique des Pays-Bas. Il fut longuement ovationné.

Je ne peux pas finir ce billet sans signaler mon admiration au public d’Amsterdam qui, sans manifester avec hystérie ou hurlements débordants, son plaisir et sa joie, s’est levé d’un bloc aux premiers applaudissements. Une salle debout, du parterre au dernier balcon, ainsi que tous les musiciens de l’orchestre. Quel tableau émouvant ! Du jamais vu. Puis quelques instants après les bouquets de fleurs arrivent et sont distribués à l’ensemble de tous les chanteurs. Quelle classe. On peut alors vraiment parler d’amour entre les artistes et le public. Bel exemple !

Jean-claude Meymerit

19 janvier 2018



Quel « touchant » aurevoir !

À l’aéroport d’Amsterdam, je me présente au poste de contrôle de l’embarquement. Autant à l’aller, à l’aéroport de Bordeaux, le contrôle était réduit à son strict minimum, autant celui du retour a été des plus…touchants.

Je veux parler bien sûr de palpage manuel de mon auguste corps, en plein public, effectué par un expert du doigté ressemblant plus à un Brat Pitt grisonnant qu’à un ours mal léché gavé aux sucreries hollandaises. Tant qu’à être « tripoté », autant que le partenaire ne soit pas désagréable.

C’est parti ! Sous le portique, jambes écartées, bras en l’air. Scann en cours. Raté, cela ne suffit pas. Ce playboy me fait sortir de cette cabine-sas et me redemande de me remettre les jambes écartées et les bras en l’air au milieu des voyageurs qui passaient, eux, sans se faire tâter. Il faut imaginer le tableau. Tout mon corps y passa et chaque fois il trouvait quelque chose – grosseur dans ma poche due à un mouchoir en boule, dans l’autre poche une petite grosseur due à une pastille de chewing-gum -, puis dans la poche de ma chemise – un volet de 10€-. Lorsqu’il s’est mis devant moi penché en avant pour mieux m’encercler, comme si nous nous connaissions depuis l’enfance et se séparant à jamais, hardi petit ses doigts se faufilent dans mon pantalon, frôlant gracieusement les contours de mon anatomie. Je pensais qu’il était tombé follement amoureux de moi. D’accord Amsterdam est une ville libre mais à ce point là…..

Lorsqu’il me palpa la poitrine et sous les bras, je n’ai pas pu m’empêcher de rire aux éclats car il me chatouillait. Lorsqu’on a les bras levés le phénomène est pire. Comme l’élévation de mes bras avait fait sortir la chemise de mon pantalon, j’appréhendais qu’il me touche les poignées d’amour, zone qui me font hurler (de rire) tellement, à ces endroits là, je suis chatouilleux. Comme ses doigts n’avaient pas choisi ces sensibles lieux, j’ai pris les devants et mis mes mains sur ces parties de corps pour lui signaler qu’il n’y touche pas. Hélas, peine perdue. Il me fait relever les bras et subitement mit ses mains sur mes hanches en me chatouillant ce qui me fit crier de rire puis il m’a serré fort dans ses bras. Situation rocambolesque. Bien sûr, il avait fait exprès et cela avait amusé toute la galerie et fait rire ses collègues. Quel farceur !

Alors que derrière moi les voyageurs passaient tranquillement sans être aucunement inquiétés, pourquoi ai-je été choisi, moi,  par ce bel âtre ? Peut-être pour me dire un aurevoir plus chaleureusement. Que ces amsterdamois sont « touchants » !….

Jean-claude Meymerit

20 janvier 2018



Le Pin Galant de Mérignac : une pointure trop grande pour Dédé !

Quelle idée de proposer une opérette telle que Dédé de Henri Christiné dans une salle aussi vaste que celle du Pin Galant à Mérignac !  Malheureusement, le résultat est frustrant. On sent vraiment le « remplissage » par des stocks de boites à chaussures mises en tas, sans précision ni sens logique. Certains autres accessoires du spectacle sont à peine dignes d’un spectacle de patronage.

Pour cette oeuvre, pouvons-nous parler d’opérette ou de comédie musicale ? A la création de Dédé à Paris en 1921, n’étions-nous pas déjà dans l’ère des spectacles musicaux avec l’arrivée du genre comédie musicale américaine où le rythme musical jazzy était primordial ? Pour Dédé, j’opterais plutôt pour l’appellation théâtre musical car le texte parlé est très omniprésent. Il s’agit vraiment d’un vaudeville théâtral avec en saupoudrage des parties chantées et non l’inverse.

A l’inverse d’une opérette grand spectacle à la Françis Lopez avec ses choeurs, ses danseurs, ses nombreux changements de décors et costumes demandant de l’espace et dont le visuel est l’un des principaux attraits, Dédé, bien au contraire, est basé sur la simplicité et l’efficacité, décor unique, peu de monde sur scène, costumes épurés et argument de l’histoire de style léger dans l’esprit de l’époque.

Dans cette production, même si les éclairages sont réduits à leur minimum sans relief, le décor de fond avec sa porte tournante et son escalier de style Art déco est beau et fonctionne bien. Derrière les murs de toiles, l’orchestre se cache. Lorsque il doit intervenir des lumières l’éclairent discrètement. L’effet est intéressant et esthétique. Une dizaine de musiciens compose la formation musicale.

Côté voix, il est très difficile d’en apprécier leurs vraies valeurs. Micros aidant. Un comble, être obliger de sonoriser une production comme Dédé. Il y a confusion de genre. C’est une oeuvre qui a été créée pour des salles d’environ 500 places. Même le Grand-Théâtre de Bordeaux lorsqu’on y présentait cette opérette ne paraissait pas trop grand avec ses 1200 places ! Pourquoi ? Parce que les distributions étaient de haut vol avec des chanteurs d’opéra sachant jouer la comédie, chantant et parlant fort sans micro.

Je suis étonné qu’un spectacle programmé en tournée dans de grandes salles de spectacles françaises ne se soit pas donné les moyens de faire d’une oeuvre comme Dédé un vrai bijou, pétillant et agréable à l’oeil, avec surtout une distribution adéquat. N’y a-t-il pas des chanteurs français pouvant porter ce répertoire, ayant des voix intéressantes avec des talents de comédiens ? Comment le cap des générations de public peut avoir lieu, si les producteurs et les directeurs de théâtre ne sont pas plus sensibles à cette forme d’art qu’est l’opérette. Il suffit de jeter un coup d’oeil circulaire ce soir dans la salle pour se rendre compte que les têtes blanches et les rides étaient de fête. Mais où est la relève ?

Avec des mêmes moyens, nous aurions dû admirer et apprécier un décor chaleureux et moderne, des lumières précises, des accessoires seyants, un plus grand nombre de danseuses-vendeuses et jeunes (3 c’est ridicule) et surtout des chanteurs avec des belles voix et des physiques de l’emploi sachant jouer la comédie avec une gestuelle non atrophiée, des coupures dans le texte un peu vieillot et surtout un plus grand rythme musical. Ces quelques clés ne sont-elles pas les signes de réussite d’une comédie musicale actuelle ?

Jean-Claude Meymerit

10 janvier 2018