Au TNBA de Bordeaux : Don Juan revient de la guerre sans plumes !

Posté le 7 janvier 2017

En lisant attentivement, dans le programme du TNBA, la présentation de la pièce « Don Juan revient de guerre » de Odön von Horvath, on est vite séduit par le sujet et ses personnages. Tout y est fort et bien campé. Personnellement, je ne connaissais pas le texte, aussi mon attente et ma curiosité étaient d’autant plus fortes. Tout le monde connaît le mythe de Don Juan et toutes les interprétations qui sont faites autour de ce personnage. L’auteur a entrainé notre séducteur en Allemagne, dans l’ambiance floue et perturbée de l’après guerre 14-18. Des allusions aux diverses tendances artistiques et économiques de cette époque y sont fortement présentes.

Dès le début je fus conquis par la conception scénique : les coulisses d’un théâtre de province aux moyens limités en décors, en accessoires et surtout en comédiens. Cependant, le fait d’avoir ramené le nombre des personnages féminins à deux, alors que je ne connaissais absolument pas la pièce, m’a rapidement gêné. J’y ai même vu un certain contre sens. Toute la brillance de la présentation du sujet dans le programme s’effritait au fur et à mesure de l’avancée de la pièce. Je me suis ennuyé, surtout par cette pauvreté de nombre de comédiens. Je n’ai pas senti là un parti pris scénique du metteur en scène mais plutôt un manque de moyens réels. Aussi, remplacer ce manque de comédiens par des effets scéniques comme par exemple la projection sur un écran de côté pour y lire uniquement « chez la grand mère » etc… ou tous ces changements à vue vestimentaires soient judicieux et originaux pour une meilleure compréhension. Ce grand catalogue de scènes est à la fois fouilli et très académique. Je ne parle pas des insupportables ombres chinoises qui ne font que desservir l’histoire. Si bien que la scène finale perd toute son intensité dramatique.

En clair, je m’attendais à une merveilleuse fresque d’amour sur deux fortes toiles de fond qui sont, le mythe de séduction d’un Don Juan et de la période trouble, à la fois dramatique et joyeuse, d’entre-deux-guerres en Allemagne. Or, je n’ai pratiquement vu que des changements de costumes, des tables et des chaises en mouvement, mais pas d’émotions. Ce côté performance a été vu des milliers de fois.

Sur les trois comédiens en permanence sur scène, leur jeu est très inégal.  Autant la comédienne qui joue les personnages de jeunettes, est excellente par sa voix et son jeu, autant sa collègue m’a assez insupportée par son parler lent, aux attaques pas très justes ?  Notre Don Juan, même s’il porte en lui les souffrances de l’amour et de la grippe espagnole de l’époque et un repenti qui le ronge, un peu plus de brillance aurait été souhaitable.

Un rêve : voir rapidement cette pièce dans une autre production. En attendant, la lire sera pour moi le meilleur moyen de me faire ma propre idée de mise en scène, avec mon propre casting, avec mes propres fantasmes et mes propres émotions. C’est également ça la magie et le pouvoir du théâtre.

 

Il n'y a actuellement pas de commentaire pour cet article.

Laisser un commentaire