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Archive pour mars 2016

Papy, fais moi le cri du cochon !

Dans une rame de tram, j’arrive à me faufiler, coincé entre une jeune femme à la valise roulante transportant au moins trois armoires de vêtements (je fabule), un jeune garçon au regard vitreux les écouteurs aussi grands que les oreilles de Mickey et un papy à l’âge très avancé pas très stable sur ses deux jambes (ou plutôt ses trois jambes, j’avais oublié la canne). Je ne parle pas bien sûr de tous les autres qui m’encerclent et me frôlent. Le wagon est bondé.
Ce jour là, manque de chance, je tombe sur un des chauffeurs cowboys de la Société de transport ! Qu’est ce qu’un conducteur cowboy : c’est un chauffeur qui actionne la manette de vitesse sans arrêt de bas en haut, si bien que tous les à-coups sont immédiatement perçus par les passagers, les perturbant dans leur maintien de personne debout.
J’essaie de trouver un posture bien stable pour pallier tous les tangages (je n’allais tout de même pas tenir les bras ou m’accrocher aux vêtements de mes voisins de proximité).
Manque de chance, le coup d’accélérateur de mon cowboy de service, me fit perdre l’équilibre et je tombe dans les bras de mon papy. Celui-ci, à la canne branlante se met à hurler à la manière d’un porc que l’on égorge (« je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ».) Impressionnant. Quel puissant organe avait encore ce vieil homme !
 » Je fais ce que je peux » lui dis je calmement. Je lui adresse toutes mes excuses et je repris ma posture figée.
A l’idée que nous aurions pu nous retrouver tous entassé au sol, me fais beaucoup rire (après coup, bien sûr). Seul le cri porcin m’a impressionné !



Voilà un vrai coup de foudre !

En ce jour de corvée hebdomadaire, je me rends dans un grand magasin de l’hyper centre de Bordeaux, pour me ravitailler en divers produits de consommation courante. J’ai une préférence pour les heures creuses du début d’après-midi.
J’arrive à la caisse et pose tout mon fatras sur le tapis. Je suis le seul. Le jeune caissier me dit bonjour et se prépare à encaisser mes produits. Tout à coup son regard se fige vers une personne qui vient d’arriver derrière moi et me demande aussitôt : « vous accepteriez de faire passer la personne ? » Je me retourne et constate que la jeune personne derrière moi avait quelques produits dans les bras, qu’elle n’était pas enceinte, qu’elle n’était pas handicapée, enfin rien qui méritait qu’elle passe en priorité. Elle n’avait pas non plus l’air d’être pressée. La seule particularité de cette jeune personne est qu’elle était très belle, tenue très branchée, maquillée, la classe…
Mon regard revenant vers le caissier, je lui dit : « pourquoi je la laisserai passer ? » Sa réponse fut : « je vous fais tout simplement une proposition« . Et il se met à valider ma marchandise. J’étais très surpris de cette question.
Tout à coup, je ne sais pas quelle mouche venait de le piquer, il se lève brutalement de son siège et fait passer les produits devant le lecteur de codes-barres à une vitesse inouïe en ayant le regard fixé vers la jeune personne derrière moi, il était tétanisé. Je n’existais pas.
« Ça fait 30,20€ » me dit-il, sans me jeter un seul regard ( et pour cause ! ).
« Je paie en carte bleue » dis-je. Il accepte le paiement en restant toujours happé par la personne.
J’emballe tout mon fatras, et lui dit au revoir.   »Bonne journée » me dit-il, puis il se rassoit et dit bonjour à celle qui lui faisait apparemment perdre la tête. Le regard de ce jeune caissier était sans vie. Il écarquillait de grands yeux noirs légèrement exorbités tel un jeune loup face à une tendre brebis prêt à la croquer. Sa bouche entrouverte laissait déjà entrevoir le début d’une belle aventure d’amouraché. Il venait d’avoir un coup de foudre à la Louis de Funès. Incroyable !
Tant bien que mal, je pris mes affaires et m’éclipsa. La file d’attente s’était allongée derrière la jeune personne. Je ne connaitrai jamais la suite de cette naissante idylle. Se sont-ils échangés discrètement leurs numéros de téléphone derrière le ticket de caisse ? C’est tout le mal que je leur souhaite. Voilà ce que l’on appelle un vrai coup de foudre.