La version de Don Carlo de Guiseppe Verdi donnée en ce moment à l’Auditorium de Bordeaux me laisse perplexe. Sur les voix il n’y a rien à dire. Un plateau de chanteurs remarquables. Les quelques réserves que nous pourrions faire par ci par là deviennent anecdotiques. Le Chœur de l’Opéra de Bordeaux et le Chœur Intermezzo sont poignants d’expression et de puissance.
L’orchestre, projette au plus loin de la fosse sous le plateau scénique, les rondeurs et émotions souhaitées. Toutefois, je suis un peu gêné par la lenteur de la direction de Paul Daniel, tout au moins pour les deux premiers actes. Aurai-je l’oreille déformée par les nombreuses références discographiques ou scéniques ? Je n’ai pas été captivé pendant la première heure. Par contre pour les deux derniers actes, tout bascule. Le Chef nous tient. Les chanteurs semblent s’engager un peu plus.
Venons-en à la mise en scène ou plutôt à ce déroulé de tableaux scéniques. Comment le metteur en scène Charles Roubaud a t-il pu être à la fois inspiré et désinspiré ? L’occupation de cet espace scénique, pour une production d‘opéra, est très ingrat. Sur les murs blancs d’un enclos construit autour de la scène et sur celui du fond du bâtiment de l’auditorium, des images vidéos sont projetées (feuillage, statues, cathédrale, prison, etc.). Ces images sont d’une magnifique beauté et s’intègrent comme un gant de satin sur ce fond de salle, encombré de fauteuils, barres de protection, etc. On fini par oublier tout cet encombrement. Seulement patratac, la dernière image que j’avais trouvée lors d’une répétition générale (regard indiscret), comme le clou visuel du spectacle, a ce soir, complètement disparu. Mystère ! D’après ma mini enquête dans les couloirs, j’apprends que le metteur en scène a décidé le jour J de la première représentation, de supprimer ce visuel. Dommage pour le spectateur ! Ce décor visuel final du dernier tableau de l’œuvre, représentait une grandiose croix dorée, la même que nous voyions toute petite en fond de scène au premier tableau, symbolisant le tombeau de Charles Quint. Cette croix projetée était entourée d’immenses candélabres aux cierges allumés et aux flammes vacillantes. Majestueux et efficace. Ainsi, une intelligente boucle était formée entre le premier et le dernier tableau de l’ouvrage. Il est évident que le public n’a pas eu la connaissance de ce changement brutal même si ce regret était évoqué à la sortie par de nombreux spectateurs. Ce soir de première, nous n’avons eu droit qu’à un mur de fond d’auditorium, nu, sans saveur et les sièges en vedette. Lorsque Don Carlo est entrainé par le moine dans les profondeurs du tombeau de Charles Quint, il ne se passe rien, c’est même laid.
Par ailleurs, j’ai été interpellé par les tenues vestimentaires des chœurs, assis sur les gradins face au public. Ils sont habillés avec leurs propres vêtements de tous les jours. Pourquoi pas ! Quels liens avec l’action se passant en tenue historique sur le plateau. Manque de moyens financiers ? Voyeurisme d’un public d’arène de jeux romains ? Témoins des tensions religieuses et politiques de la cour ? Ou tout simplement le miroir de nous, publics assis dans la salle ? La liste est longue. Tout le monde peut y voir ce qu’il veut. Si c’est l’approche de cette dernière interprétation, j’accepte alors cette pauvre, ou plutôt ce manque de direction d’acteurs. Ils se trouvent abandonnés à leur propre destin. Esseulés sur cette grande scène nue sans aucun accessoire de décor, ils se déplacent de gauche à droite d’une manière répétitive sans aucune intention et émotion. Une Cour d’Espagne qui s’ennuie. Que dire de la jeunesse physique de Philippe II ? Avec un peu plus de noblesse dans les tissus de son costume, une direction d’acteur dans son jeu et un peu de blanc dans ses cheveux, Philippe II aurait pu être le père de Don Carlo…
Malgré les quelques réserves sur la mise en scène proprement dite, rien que pour la palette de chanteurs, les chœurs, les musiciens de l’orchestre et les images-vidéos, il faut courir voir ce Don Carlo bordelais.
Jean-Claude Meymerit
« Mangez 5 fruits et légumes par jour » Ce slogan répétitif et envahissant sous forme de matraquage intellectuel, commence à me traumatiser. Lorsque je passe un jour sans avoir accompli cet ordre insidieux, ça y est je suis malade. Le mal à la tête m’envahit et les grouillements en sol majeur de mon ventre se font entendre publiquement.
Pourtant je l’avoue, tous les jours je m’applique. Face à ma grappe de raisin, déjà je bloque, combien faut-il que je mange de grains ? Un seul, la grappe entière ou 5 grains. Lorsque je me fais de frites, combien de pommes de terre ? Lorsque je mange une pastèque, dois-je la manger entière ? Ne parlons pas des haricots verts et surtout des petits pois, le décompte est insurmontable. La liste est longue…
Tout ceci pour dire que ce slogan publicitaire et de marketing font que les marchés font leur beurre. Tant mieux pour les agriculteurs. Pour moi, c’est le but de ma semaine. Tous les samedi matin direction le plus grand marché bordelais. Aller faire l’achat de mes fruits et légumes pour la semaine en tenant compte des 5 par jour devient ma préoccupation première existentielle. La semaine, je mange, je calcule, je pèse et le samedi j’achète. J’ai l’impression que ma vie est réglée à ce chiffre 5.
Ce qui me rassure c’est que je ne suis pas le seul. Alors que ne n’achète, et ceci depuis des lustres, que des fruits et légumes locaux ramassés mûrs qui correspondent à des productions de saison et évitent ainsi les longs, polluants et couteux prix de transport, mes congénères et bobos en prime, sont de plus en attirés soit par des produits exotiques de l’autre bout de la planète, soit, par les produits de quelques maraîchers du coin qui nous offrent des légumes « de leurs jardins » (comme l’explique ce père à son gamin, après avoir déposé son costume de dirigeant pour se déguiser en campagnard du dimanche, et qui s ’aventure dans des explications alambiquées agricoles sur la culture des tomates du marchand, les traces bleues sur les fruits, etc.). Le marchand d’un âge très avancé comme les rides et les déformations de ses tomates, signale au père que ce n’est pas un jardin mais il a omis de nous parler de la présence de bouillie bordelaise sur la surface de ses fruits.
Devant ce petit étal artisanal, une dame s’arrête achète 1kg de tomates et une barquette d’oignons et demande à notre pépé « avez vous des citrons et des oranges ? ». J’ai failli intervenir et être déplaisant. Entendre de telle stupidité m’effraie. Pauvre papy, ! Il est resté sans voix. Cette question reflète bien la non connaissance encore à ce jour de la culture des fruits et légumes, des lieux de productions, les espèces, les variétés, etc…et on nous demande de manger 5 fruits et légumes par jour bêtement, sans nous expliquer les bases de leur production.
Pauvre consommateur, il gobe. Je me souviens d’avoir lu à l’étal d’un grand magasin d’alimentation en plein centre de Bordeaux, l’énormité suivante « pommes du Canada » « provenance France » Le pire est que le responsable des fruits et légumes de ce magasin n’a pas compris ma remarque. No comment !
C’est pas gagné !