Magnifique ! Envoutante ! La déesse de cette production de Norma de Vincenzo Bellini au Grand Théâtre de Bordeaux est Elza van den Heever. Dès son entrée, la salle reste figée et accrochée à ses premières notes et à la beauté de son timbre au velouté reconnaissable parmi tous. On sait immédiatement qu’elle sera une grande Norma. Malgré ce rôle déjà écrasant par l’écriture musicale et l’engagement scénique, sa montée au bûcher semble prématurée et on a envie de lui crier : « non, arrête ! » afin de continuer à savourer l’art de cette grande chanteuse. Son Anna Bolena de l’an dernier était une merveille, avec Norma, on est dans le sublime. A quand d’autres grands rôles belcantistes ? N’oublions pas non plus ses Verdi qui promettent de grands soirs. Je regrette de ne pas avoir pu aller l’entendre à Frankfort pour son Desdemone mais j’espère vivement que le Don Carlo affiché à l’Opéra de Bordeaux en ce début de saison, est pour elle. Chantant ce rôle à Strasbourg en juin prochain, il serait très étonnant qu’elle ne le chante pas à Bordeaux. A suivre !
Cette production aurait été un sans faute, si la mise en scène avait été à la hauteur des voix. Le décor nous laisse de marbre et pas forcément de grande beauté. On pourrait même dire le contraire. Il est laid. Courage aux artistes de monter et de contourner cet immense tronc central. La mise en scène proprement dite nous le fait par moment oublier avec de très fortes trouvailles et une lecture très intéressante de la physiologie des personnages.
Oubliez ce décor, fermez les yeux et écoutez !
Jean-Claude Meymerit