Cette production de la Damnation de Faust d’Hector Berlioz donnée à l’Auditorium de Bordeaux en version concert nous entraîne, dès les premières mesures, vers les voûtes célestes de l’enchantement. C’est splendide !
Quoi demander de mieux à un orchestre et à des chœurs pour interpréter Berlioz. Tout n’est que précision, velouté, férocité, rêverie, émotion…Paul Daniel, à la tête de l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine, a tout compris : la musique de Berlioz doit être vibrante et habitée. Cette fougue il a su la partager avec l’ensemble des chœurs et principalement celui des hommes. Ce dernier était, à l’occasion, composé du Choeur de l’Opéra de Bordeaux et de celui de l’Armée française. Leur chant a envahi le moindre recoin de la salle. L’interprétation toute en délicatesse des femmes du Choeur de l’Opéra et celle des enfants de la Jeune Académie Vocale d’Aquitaine n’a fait qu’appuyer cet engagement musical.
En effet, la faiblesse de cette production vient des solistes. A part Laurent Alvaro dans Méphistophélès, appuyant fortement son jeu scénique machiavélique, arrive par une voix puissante et sonore a nous faire entrer dans son monde pervers.
Concernant le personnage de Faust, j’ai eu la chance de voir et d’en écouter deux. Le soir de la première ce fut Eric Cutler. Il ne m’a absolument pas séduit. En l’écoutant et en le regardant, je ne faisais que rêver à un ténor à la voix plus claire et surtout avec une plus belle fiction, ensoleillée, le tout posé sur un jeu scénique plus subtil. Mon rêve s’est exaucé lors de la seconde représentation avec Michael Spyres remplaçant le titulaire au pied levé. Il est vrai que celui-ci a déjà chanté le rôle sur scène. Ca se voit et surtout ça s’entend. Il y croit ! Voix chaire, bien projetée, articulation et diction de rêve (pour un étranger bravo !). J’avais mon Faust idéal, tant rêvé. Je passe rapidement sur Frédéric Goncalves que j’avais beaucoup apprécié, tout récemment, dans Marc Antoine dans le Cléopâtre de Massenet aux Théâtre des Champs Elysées à Paris mais qui ici, dans cet unique air de Brander, m’a laissé froid. Là où la déception est de taille c’est pour Géraldine Chauvet dans le rôle de Marguerite. Où est la Marie du Dialogue des Carmélites à Bordeaux et l’Adriano de Rienzi à Toulouse ? Sa voix est par moment inaudible, des graves incertains avec une diction catastrophique (et pourtant elle est française). Elle reste en surface ou à la porte du rôle. On ne la sent pas à l’aise. Curieux et dommage !
nota : comment se fait-il qu’il faille que toutes ces bouteilles d’eau en plastique avec leurs étiquettes publicitaires traînent comme ça sous les chaises des solistes. Toujours en train de boire. Entre celui ou celle qui prend sa bouteille discrètement, se retourne et boit, celui ou celle qui essaie de la faire tenir sur le pupitre. Entre celui ou celle qui juste avant le départ de son intervention prend précipitamment sa bouteille et boit, celui ou celle qui entre sur le plateau avec la bouteille à la main… sans oublier ce membre du choeur d’homme qui dans un moment musical solennel se penche, récupère sa bouteille, lève la tête et boit. Comment ne pas avoir le regard attiré par un tel comportement. Ce ballet de bouteilles est insupportable. Qui peut m’expliquer la raison de ces fâcheux comportements ? Est-ce que ça existe dans une production scénique ? Oui, mais en coulisses. Pourquoi en concert ? Quoique, je verrais très bien Isolde avant son grand air prendre sa bouteille en plastique, Madame Butterfly lever le coude, une gorgée, avant de se suicider et reposer la bouteille tranquillement, Manrico et le Comte de Luna trinquant avant leur duo, montrant bien la marque publicitaire d’eau minérale. On pourrait établir ainsi un catalogue de situations les plus rocambolesques.
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