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Archive pour octobre 2014

Deux étoiles ont brillé furtivement sur la scène du Grand Théâtre de Bordeaux

Je veux parler de Christaine Vlassi et d’Attilio Labis. Lorsqu’ils sont venus saluer ce soir au final de « Suite en blanc » clôturant le premier spectacle de ballet en hommage à Serge Lifar, une grande vague d’émotion a traversé mon cœur d’admirateur pour les grands danseurs étoiles de Paris des années 70. J’ai eu la chance d’applaudir maintes fois ces deux étoiles dans les plus grands pas de deux classiques ainsi que beaucoup d’autres comme Noêlla Pontois, Ghislaine Thesmar, Patrice Bart, Jean Guizerix, Claire Motte, Georges Piletta, Cyril Atanassoff, Michaël Denard, Wilfride Piollet…sans oublier Charles Jude. Quels souvenirs !

Lorsque ce soir, je vois nos deux étoiles bordelaises actuelles, Oksana Kucheruk et Igor Yebra évoluer, je suis également ému. Quel dommage que leur talent ne soit pas assez médiatisé comme ils le méritent et que nous ne les voyons pas plus souvent dans des spectacles de grands pas de deux ou extraits de ballets classiques !

Jean-Claude Meymerit



A l’Auditorium de Bordeaux : à qui s’adresse « La Légende d’Iseult » ?

La question reste entière. On se la pose aussi bien sur le spectacle lui-même que sur le prix des places.

Quelle belle et noble idée ce raccourci musical de l’opéra de Richard Wagner « Tristan et Isolde », mais à qui s’adresse t-il ? Au mélomane wagnérien ? Au néophyte ? Au jeune ? On ne sait pas très bien. Ce concert est bâtard et manque d’ambition et d’originalité. On voit bien que Novart n’est pas passé par là !..

Pourtant dès les premiers accords, on se laisse bercer et prêt à accepter une longue ballade dans la légende de ces deux héros. On déchante assez vite. Le texte-réplique de Tristan est narré en français et agrémenté de quelques bribes d’explication sur le déroulé de l’histoire. Il est mis en surtitrage afin d’être en harmonie avec la traduction du texte chanté en allemand par la soprano. Le principe de ce duo, narrateur et chanteuse accompagnés de dix talentueux musiciens est très intéressant mais c’est vraiment un raccourci simpliste de l’œuvre de Wagner. Quel est l’intérêt ?

En sortant de la salle, je rencontre quelques connaissances. Nous avons tous le même sentiment et le même avis sur le concert mais de plus, nous sommes habités d’une certaine aigreur concernant le prix des places : 30 euros, prix unique nous dit-on au guichet. On se moque de qui ! Surtout que les annonces, éditées sur Internet et dans le programme papier de l’Opéra, stipulent des tarifs allant de 15 à 30 euros. Cherchez l’erreur ! A l’entrée de l’Auditoruim, quelques personnes sont parties. Ce n’est pas normal ! Il y a un vrai problème de fond et de communication. Déjà que le remplissage de ce concert est assez faible, si les prix dissuadent, le but culturel et artistique n’est pas atteint. J’avoue avoir eu la chance, car moi même quittant le guichet (ne voulant pas dépenser à mon tour 30 euros pour un concert d’une heure) un spectateur m’a offert une place qu’il avait en surplus. Qu’il en soit remercié vivement.



A l’Opéra de Lyon : La Fura Dels Baus a encore frappé !

Un opéra mis en scène par Alex Ollé du collectif La Fura dels Baus nous fait toujours déplacer. Quelle surprise nous réserve t-il, cette fois-ci ? Ce qui est évident, c’est que la magie frappe toujours. Ce Vaisseau fantôme ou Der Fliegende Holländer donné à l’Opéra de Lyon en première ce samedi dernier n’a pas démenti et les effets scéniques sont toujours aussi surprenants. Bien sûr on n’est pas dans le grand délire de ce collectif de la Tétralogie de Wagner à Valence, mais comme pour le Tristan et Isolde de 2010 dans cette même salle de Lyon, la mise en scène est respectueuse du livret, tout en lui donnant des reliefs  à couper le souffle. Par contre, autant pour le Tristan j’avais été scotché du début à la fin, pour ce Vaisseau, je suis plus nuancé. Même, si les effets d’occupation de la scène sont au maximum, la direction d’acteurs semble laisse un peu trop de vide. Une fois en avant scène, les chanteurs solistes et ceux du chœur bougent pauvrement. On perd certaines émotions.

Les vidéos sont toujours aussi efficaces, surtout celles qui sont projetées au sol, le relief de celui-ci bouge à tout moment – bancs de sable modifiés en fonction de la houle et des marées -. La coque rouillée du bateau qui s’élève dans les cintres est impressionnante. L’accès du pont se fait par une immense échelle qui oblige les chanteurs à se harnacher pour monter et descendre. La sécurité avant tout !

Venons en aux chanteurs. Avec un timonier, Luc Robert, aux accents clairs et puissants, tout s’annonce bien. L’arrivée de Daland ne fait que confirmer. Quel plaisir de retrouver Falk Struckmann. Après avoir été un magnifique Holländer en 2000 à l’Opéra de Paris, il est aujourd’hui Daland. Aux rayonnantes couleurs de voix, ce rôle l’habite, il est le personnage. Face à lui, le Holländer de Simon Neal est magistral. Prestance et présence sont au rendez-vous. C’est le style de personnage de hollandais que j’aime. Sa voix est puissante, claire, avec toute la distance souhaitée par le personnage. Humain et fantôme ? La Mary de Eve-Maud Hubeaux, aux beaux accents, tient honorablement son rang même si j’aurais aimé que les directives de son jeu soient plus précises.

Pour les deux autres protagonistes, Erik et Senta, je reste un peu sur ma faim. Vraiment dommage. Tomislav Muzek dans le rôle d’Erik me laisse assez indifférent. Je ne trouve pas que sa voix et son jeu soient des plus passionnants. Il est assez rare de trouver un Erik idéal. C’est d’autant plus dommage que l’écriture musicale de ce rôle est très séduisante pleine d’amour passion et de douceur. La voix qui me pose le plus de problème d’appréciation est celle de Senta. Elle est claire, puissante avec de beaux médiums mais les aigus se raidissent et ce n’est pas toujours agréable à l’oreille. On sent presque ses limites. J’ai beaucoup souffert pour ses derniers phrasés. Cette chanteuse Magdalena Anna Hofmann est très bonne comédienne et sa voix juvénile aux supers assises aurait pu correspondre au personnage. Alors pourquoi, cette sensation ? L’effet première ?

La place des chœurs dans cet ouvrage est énorme. Cette masse vocale nous a conquis. Les jeux vocaux et sonorités entre les hommes et les femmes sont somptueux d’émotions. Que dire de la direction d’orchestre ? Je me suis un peu ennuyé et ceci dès les premières mesures. Ce côté pépère m’a beaucoup gêné d’autant que je ne possédais aucune information sur les intentions du chef d’orchestre Kazushi Ono. Je suis donc resté assez frustré.

Chaque fois que je me rends à l’Opéra de Lyon, je suis toujours fasciné par ce théâtre. Quelle beauté et quelle élégance. Tout d’abord la façade et son majestueux dôme. Il fallait oser et Jean Nouvel a osé. Dans le hall, ce sont les couleurs noires et rouges qui dominent avec des éclairages indirects qui annoncent déjà la magie du spectacle. Puis vient l’ascension vers les étages, par des passerelles à claire voie en aluminium qui couinent et qui bougent. Pour les « vertigeux » dont je fais partie, c’est la galère, mais quelles émotions. Toutes ces passerelles épousent l’imposante coque noire laquée qui englobe le fond de la salle. Dès que nous franchissons le sas d´accès à la salle d’un rouge éclatant et fortement éclairé, nous entrons dans la salle ou l’inverse opère. Nous entrons dans une boîte entièrement noire. Quelle classe ! Chacune des places possède devant elle une petite loupiote qui créait une étrange ambiance. Le raffinement est également présent dans la tenue vestimentaire des filles et des garçons qui nous accueillent. Vêtus d’un tee shirt noir et d’un pantalon noir à soufflets rouges dans le style « samouraïs ». Ils sont très beaux. Et surtout très avenants avec le public. Que tout cela fait du bien !

Jean-Claude Meymerit

 

 



Touche pas à mon fil, je tricote !

Avez-vous remarqué quel cinéma font les gens avec les fils d’écouteurs de leur smarphone, iphone et ceux de leur chargeur ? Quel cirque ! Sans vouloir paraître misogyne primaire, je constate que ce sont surtout les filles qui ont ce problème d’emberlificotage des fils lorsqu’elles les tirent de leur sac. Les jeunes cadres dynamiques, eux, gardent tous les fils pendus à leurs oreilles (faut pas perdre les infos de la planète). Avec tous ces fils qui pendouillent, on croirait un étiquetage sur les mannequins des vitrines de vêtements au moment des soldes.

Pour en revenir au démêlage des fils, il a toujours lieu, comme par hasard, dans un lieu public lorsque la position garde à vous est la seule possible. Un coup de coude dans le dos, dans l’estomac, et je te tire un bout du fil et j’en tire un autre…Lorsque la personne discute avec quelqu’un d’autre c’est encore pire car elle ne sait même plus ce qu’elle démêle et dans quel sens elle sépare les fils. Et ça dure des plombes !

Face à ce constat et à ce temps passé à faire travailler ses dix doigts souvent inutilement, je suggère que tous ces doigts s’activent pour de bonnes causes en donnant à leurs propriétaires des aiguilles à tricoter et des pelotes de laine. Chacun pourrait ainsi réaliser son œuvre laineuse, soit au point près, soit à la manière de Thérèse dans « le Père Noël est une ordure » avec sa serpillère à trous pour les bras. Imaginer les soirs de débauche dans le tramway, tout le monde avec des aiguilles à tricoter. On pourrait même détricoter le pull de son voisin pour faire le sien… Quel beau lien social !



Pas d’effet « magnétic » avec la langue de Shakespeare !

Dans le cadre des circuits du Bus d’Art contemporain des Dimanches sans voiture, organisés par la ville de Bordeaux, la première halte de ce dimanche, eu lieu place Paul et Jean-Paul Avisseau devant l‘école primaire Stendhal, quartier des Chartrons. Là sur un pan de mur d’enceinte de l’école sous le projecteur naturel du soleil, nous attend une magnifique fresque allant du blanc au noir en passant par une palette de gris. Elle représente un groupe de cinq minois de gamins expressifs à souhait. Sur la gauche de ce mur, une phrase de Nelson Mandela en gros caractères est peinte au pochoir. De couleur rouge, elle est écrite en anglais ce qui me paraît logique. Jusque là rien d’original. Cette œuvre est du célèbre artiste nantais Jef Aérosol, précurseur de l’Art Urbain, depuis les années 82.

Mon appréciation complète et positive de cette œuvre fut parasitée par une demande naïve que je fis au prestataire bordelais qui la présentait. Face à cette vingtaine de mots en anglais exposée sur un espace public à la vue du commun des mortels, je lui demande pourquoi il n’y avait pas une traduction en français de la phrase de Mandela dans un coin de cet immense mur. Sa réponse, sans appel et devant témoin : « vous n’avez que chercher vous-même la traduction ». Whahou ! Et vlan ! Belle réponse ! Insistant, il me signale qu’une traduction si petite qu’elle soit, aurait déséquilibré l’œuvre ! On rêve par une réponse aussi ridicule. Je rappelle que cette fresque est éphémère et ne doit restée qu’un mois et qu’elle est installée sous les yeux des passants petits et grands. Aussi, elle est sujette à d’éventuelles dégradations et là on ne posera plus la question d’équilibre ou non !

Cette réponse est un mépris et une insulte aux personnes qui comme moi ne maîtrise pas parfaitement l’anglais. Je ne suis pas sûr que tous les habitants de ce quartier et les tous petits de l’école connaissent parfaitement la langue de Shakespeare. « les institutrices sont là pour leur expliquer », me lança une dame qui écoutait notre discussion. Et revlan !

Pourquoi sommes-nous tout le temps obligés de « subir » la langue anglaise sous prétexte que c’est de l’Art contemporain. Je ne suis pas sûr que c’est comme ça que l’on sensibilise le public de la rue. Je pense le contraire. Il n’est pas question de revendiquer le franchouillardisme primaire, mais lorsqu’on se trouve en groupe constitué – qui a payé – pour découvrir et mieux appréhender des œuvres d’Art contemporain, le minimum d’information doit être donné par les organisateurs. Le musée des Beaux-Arts de Bordeaux l’a très bien compris et dans son exposition actuelle sur des photographies de l’Ouest américain, a doublé chaque grand titre par une version française. Ici, on nous respecte et aussi nous y retournerons !



Les Midis musicaux à l’Opéra de Bordeaux, l’appétit vient en écoutant !

Connaissez-vous ces concerts de quarante-cinq minutes donnés une fois par mois à 12h30 au Grand Théâtre de Bordeaux ? On y découvre régulièrement des jeunes talents lyriques le plus souvent programmés à la même période à l’Opéra, dans des seconds rôles. Au cours de ces concerts, ils interprètent en soliste, soit des airs d’opéras, soit des mélodies ou autres extraits musicaux classiques.

Certains osent et nous proposent des airs loin de leur tessiture ou de leur personnalité. Les résultats sont surprenants. D’autres se plantent carrément. D’autres plus timides ne prennent aucun risque et l’ennui nous gagne. D’autres enfin, nous offrent une magnifique palette de la couleur et des possibilités de leur voix, c’est magique. La générosité et la spontanéité de tous ces chanteurs méritent que l’on fréquente assidûment ces concerts. Il ne faut surtout pas oublier la présence au piano, de passionnés de voix qui, avec énergie et sans limites, les accompagnent avec grand talent.

Mais alors, avec tous ces positifs ingrédients pourquoi seule une petite frange de la population bordelaise répond à l’appel de ces concerts. Mise à part une faible partie du public en dessous de la barre des soixante ans, la majorité appartient à la tranche honteusement nommée avec un terme dit à la mode et que je réfute violemment : les seniors avancés. C’est vrai que la moyenne d’âge est plus près des caisses de retraites que des consommateurs de kebabs à la sortie du boulot.

Toutefois il est assez incompréhensible de constater que dans les milliers de personnes qui errent autour du Grand Théâtre entre midi et quatorze heures, personne ne trouve le temps de consacrer une heure à la musique classique (à quoi servent les RTT ?). Le prix d’entrée est à mon sens aussi un peu trop élevé.

Par ailleurs, alors que des classes entières de scolaires envahissent certains soirs la salle de spectacle pour assister – un peu contre leur gré – à certains opéras, ne pourraient-ils pas profiter de ces moments privilégiés pour venir écouter des extraits lyriques ?

Ne dit-on pas que l’appétit vient en mangeant !

Jean-Claude Meymerit