Au Grand-Théâtre de Bordeaux, émotion dans le miroir des illusions.

Posté le 9 août 2014

Durant les deux mois d’été, l’Opéra de Bordeaux présente au Grand Théâtre, une exposition créée par Giulio Achilli « Au-delà du miroir ». Une immense scénographie occupe l’espace. Tout est basé sur la « blufferie » théâtrale, mais quelle poésie ! Des jeux de miroir nous entraînent dans les profondeurs, le museau d’une locomotive à vapeur nous fait croire qu’elle conduit un train entier. Effets de fumée, de feu, de lumière etc…tout est dévoilé. J’ai même eu la réponse à mon questionnement de l’époque, comment les fleurs se fanent-elles instantanément, lorsque Siebel dans Faust, les cueille ? Etonnant ! J’ai ma réponse. Des présentations de costumes font la joie des photographes, chacun souhaite les revêtir en se prenant pour Anna Bolena, pour Escamillo, pour Scarpia et pour notre cocu magnifique, Falstaff avec ses cornes de cerf…

En déambulant dans les salles et couloirs nous découvrons une installation artistique assez remarquable. Il s’agit de quatre personnages mannequins en situation – une hôtesse d’accueil délivrant le programme de la prochaine saison, un spectateur dormant sur une banquette intriguant fortement les visiteurs et un ouvrier dont chacune des deux parties de son corps se trouve de part et d’autre du plafond : dans le hall d’entrée, il a le torse et la tête enfoncés dans le plafond et à l’étage on le redécouvre soulevant le parquet du Foyer -. Tout cela est merveilleusement bien fait. On y croit vraiment ! Ces trompe-l’oeil sont remarquables, à la fois, de réalisme, de surréalisme et de drôlerie.

Le point faible de cette expo semble être le peu de découverte de la salle depuis les premiers étages. Au lieu de ces succincts trous de serrure dans certaines loges (c’est original mais on distingue mal le volume de la salle), de plus larges hublots auraient répondu un peu plus aux attentes des visiteurs.

Le plus émouvant et le plus magique restent à venir. C’est le moment où l’on pénètre dans la grande salle. J’ai eu la chance de tomber sur la diffusion de l’air de l’immolation de Brünnhilde du Crépuscule des Dieux (extrait de l’enregistrement du récital Wagner de Heidi Melton avec l’Orchestre de Bordeaux Aquitaine). La scène éclairée est pratiquement vide avec les rideaux grand ouverts. A peine les dernières notes musicales dans les flots du Rhin se retirent, la scène s’éteint et la salle se magnifie de couleurs en fondue enchaînée grâce à de subtiles jeux de d’éclairage. Comment ne pas être ému dans un tel écrin avec une telle alchimie de musique et de lumières.

Jean-Claude Meymerit

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