Petite messe solennelle, œuvre de Gioachimo Rossini crée en 1864, écrite plus de trente-cinq ans après son dernier opéra, était offerte pour un seul soir (dommage !), par l‘association Resonances-Groupe lyrique à la Chapelle Saint-André de Bordeaux. Comme prévu par Rossini, sur scène piano et harmonium, un choeur mixte et quatre solistes. Dans la salle, oh pardon dans la chapelle, pas un interstice sur les bancs pour s’y glisser. Un monde fou. Debout et assis dans l’allée principale, le public silencieux et attentif écoute les quatorze morceaux composant cette petite messe dans la plus grande solennité. Ambiance très esprit festival d’été. Ce petit bijou musical plein d’entrain et de douceur a trouvé sa place.
Quel magnifique travail offert par le chœur « Atout Chœur » et son chef de chant Isabelle Laurent. Ils chantent avec conviction, joyeux et graves à la fois. Les pianos, sous les doigts enjoués de Jean-Marc Fontana et de Françoise Lavielle-Biais sont à la fête. Magnifique performance !
Nos quatre solistes, un ténor, une contralto, une basse et une soprano nous font voyager dans les méandres de leur timbre respectif : ensoleillé avec le ténor Stéphane Victor, charnel avec la contralto Lucile Verbizier, profond avec la basse Liang Wu. Ces trois jeunes chanteurs lyriques sont à l’orée de leur carrière. Si je n’ai pas cité dans la foulée la soprano Laurence Janot, c’est que j’ai fait une redécouverte unique en l’écoutant ce soir. Cette chanteuse déjà confirmée, que j’ai eu la chance de découvrir sur scène en Avignon dans Lucia di Lammermoor il y a plus de vingt ans au côté des débuts de Roberto Alagna, m’a ce soir, complètement fascinée. Sa voix s’est élargie avec un solide médium, riche et coloré, accompagné de magnifiques graves. Avoir le souvenir d’une soprano colorature et la redécouvrir proche d’une mezzo-soprano, c’est étonnant et fascinant. Quels futurs beaux rôles va-t-elle nous réserver ! On rêve déjà à certains…mais chut !
Jean-Claude Meymerit