Auditorium de Bordeaux : quand la musique nous prend dans ses bras !

Posté le 28 janvier 2013

Eh oui, j’y étais ! Voilà ce que je raconterai à mes descendants : il était une fois, un certain 24 janvier de l’an 13, s’est tenu le premier concert public inaugural de la toute nouvelle salle de concerts ou Auditorium de Bordeaux et j’y étais !

Ces soirs de grande première sont toujours très émoustillants car tout le monde se pose anxieusement des questions, les Elus : « est-ce que le résultat est à la hauteur de l’argent investi », l’Architecte : « est ce que cela va plaire esthétiquement et pratiquement au public » et l’Acousticien : « pourvu que ça passe ». Ce soir tout le monde fut rassuré et soulagé.

Tout a été dit sur ce magnifique nouveau lieu culturel bordelais tant attendu depuis de nombreuses années. Beau pari pour l’architecte Michel Pétuaud-Letang d‘avoir su, dans un espace si étroit de construction, réaliser cet édifice. La façade si critiquée à l’apparition des maquettes est sobre et élégante même si un éclairage plus recherché serait le bienvenu. Après avoir traversé quelques couloirs étroits assez froids on entre dans la grande salle où la couleur fushia des fauteuils interpelle notre regard et nous charme. Le tout dans un écrin de boiseries de teinte claire et de murs blancs. « salle élégante, féminine à l’image de la ville » dit le maire de Bordeaux. Des immenses miroirs descendent par endroits sur les côtés  donnant un beau relief et des discrets reflets de la salle. L’immense scène où plus d’une centaine de musiciens peuvent prendre place est organisée de manière à être modulable et adaptable à chaque type de concerts (solo, opéra, jazz, chorale etc..). On nous annonce une fosse à la Bayreuth. Cette allusion serait-elle un clin d’oeil à une future Tétralogie tant attendue elle aussi par les très nombreux mélomanes bordelais wagnériens ? Suspens !

Le spectateur est également surpris par les nombreux dégagements disposés derrière les balcons. Les concepteurs de l’édifice ont souhaité désolidariser les balcons des murs afin que la musique « passe » partout. Cette sensation d’être enveloppé par celle-ci est magique. On se demande même d’où viennent ces notes. De plus cette séparation a permis de remettre  au goût du jour ce concept de promenoirs et de couloirs de déambulation abandonné par certains théâtres. Les gens se rencontrent discutent tout en ne quittant pas l’ambiance de la salle !

Très bien installé dans un de ces confortables fauteuils en bois de hêtre, recouvert de tissus couleur fushia, un nuage de nostalgie me traverse l’esprit. Il n’y a pas si longtemps en ce même emplacement encaissé, existait bien avant le complexe cinématographique une immense salle de spectacle appelée Olympia. Dans ce lieu, je me souviens des très nombreux récitals de chanteurs des années 60, où avant et après le spectacle, le cours Clémenceau était barré par des centaines de fans qui attendaient et qui accompagnaient par vague leurs idoles dans les hôtels avoisinants. En voyant ce soir s’engouffrer par cette très élégante façade ces flots de personnes et une fois bien installé au rang le plus haut de l’Auditorium, tous ces souvenirs remontèrent à la surface.

Pour tout cela, il fallait la passion d’un Michel Pétuaud-Letang, architecte et la fougue d’un Eckhard Kahle, acousticien. Le résultat est là !

« Chut ! La lumière baisse, les musiciens amorcent leurs premières notes qui nous parviennent comme un cadeau…,silence !