Strauss, Elektra et Baird

Posté le 21 mars 2012

Quels chanceux ces montpelliérains ! Après Hildegard Berens il y a déjà quinze ans ils ont eu aujourd’hui Janice Baird. Quelles magnifiques Elektra ces deux chanteuses. En plus des deux précitées, j’ai eu la chance d’en applaudir deux autres célèbres dans ce rôle là : Gwyneth Jones à Orange en 91 et tout récemment Evelyn Herlitzius à Berlin.
Pour rester sur la production de Montpellier signée jean-Yves Courrègelongue, Janice Baird abordait là sa énième production. J’ai des souvenirs mémorables de quelques unes de ses prestations d’Elektra : à Toulouse en 2004 dans la très efficace mise en scène de Nicolas Joël, à Nantes en 2005 dans celle époustouflante de Charles Roubaud, à Bilbao en 2007 dans celle de Peter Konwitschny, qui est pour moi la plus aboutie et la plus violente, à Strasbourg en 2008 dans la très intelligente mise en scène de Stéphane Braunschweig, à Berlin en 2009 avec celle de Kirsten Harms. Toutes les interprétations de Janice Baird en fonction des mises en scène et des années, sont à la fois complémentaires et différentes formant chaque fois l’Elektra unique. On a l’impression que l’interprétation de ce personnage, avec des facettes à l’infini, est pour elle, sans limite. Lorsqu’on a vu une seule fois Janice Baid tenant à bout de bras écartés vers le ciel, vêtue d’un jeans, d’un tee shirt et d’une veste de laine bleu marine, la fameuse hache objet central de l’opéra, on est tétanisé à vie. Quel force de prestance et de jeu. Cette immense artiste qui paradoxalement est connue et méconnue du public français va faire enfin son entrée parisienne (mise à part son unique concert à Pleyel en Salomé) en 2013 dans les trois opéras de la tétralogie de Wagner.

Jean-Claude Meymerit