En répondant à cette question je ne pensais pas qu’il y aurait un lien avec la suite. L’action se passe dans une cafétéria sur la côte basque à l’enseigne célèbre qui propose des légumes à gogo. Heureusement que des hurluberlus comme moi mangent à n’importe quelle heure de la journée, car cela permet ainsi d’épuiser les stocks de légumes en attente dans leur marmite depuis le service du déjeuner et qui ont un aspect assez proche de leur propre inanition. Trouver un établissement qui sert encore vers les 16 heures est un parcours du combattant assez fastidieux. Bref ! Je crève de faim et l’enseigne est là devant moi (et surtout les légumes). Tout seul dans la cafétéria, le bonheur ! Toutes les serveuses pour moi (au fait où sont-elles ?). Je m’approche timidement du comptoir des grillades car j’avais cru voir quelqu’un. En effet, un serveur prend ma commande. Mon choix se porte sur un steak haché. Quelle cuisson, me demanda t-il ? Saignant en réponse.
Je m’installe toujours tout seul dans cet immense hall et me jette sur les ingrédients avec avidité car j’avais une faim terrible et quelques tremblements d’hypoglycémie se manifestaient. A peine, j’attaque mon steak saignant qu’une porte en face de moi s’ouvre brutalement sous la violence d’une jeune fille qui traversa la salle en criant et en se tenant la joue. Une deuxième surgit immédiatement en hurlant « je nique ta mère ! » et ceci à plusieurs reprises. Bon ! me dis-je je vais être au pris en sandwich dans une histoire rocambolesque. Cela n’a pas raté. A une vingtaine de mètres de moi, les deux filles au sol se battent violemment et hurlent. Heureusement qu’immédiatement une armée de serveuses, de chefs, de sous chefs sortent de partout (où étaient-ils donc tous, jusqu’à présent ?). J’étais sauvé. Pas moyen de les séparer, des griffures au visage, des morsures aux bras, tout le personnel se met à l’ouvrage. L’agresseuse d’une violence inouïe revient à la charge. Enfin, elle est maitrisé et relâchée à l’extérieur de la salle. Les secours arrivent et s’occupent de l’agressée. Lorsque je vis le service de nettoyage frôlant ma table pour nettoyer le sol, j’ai imaginé tout un scénario. Mais lorsque la jeune fille repassa devant ma table, cette fois-ci encadrée par deux policiers, et que je vis en même temps son visage ensanglanté et mon steak haché je me demanda alors subitement pourquoi je ne l’avais commandé cuit à point.
Sortant d’un immeuble situé sur une grande artère de Berlin, au niveau d’un carrefour, une jeune femme s’apprête à enfourcher son vélo. C’est un dimanche matin. Les avenues sont pratiquement désertes et seuls quelques touristes errent sur les trottoirs afin de laisser les femmes de ménage faire paisiblement les travaux ménagers de leur chambre d’hôtel (il est vrai qu’aujourd’hui, il vaut mieux être loin pendant ces moments là…). Cette jeune berlinoise met son casque, monte sur son vélo et fait un signe de croix. Moi, sur un banc juste en face de l’immeuble, avec des kilomètres de déambulation pédestre dans les mollets, je reste assez surpris par ce geste.
Elle traverse une première avenue puis une fois sur le trottoir opposé, s’arrête et refait un signe de la croix avant de retraverser une nouvelle avenue.
Quoi penser ? La pratique du vélo dans cette ville est-elle si risquée ? Etait-elle en pleine prière dominicale ? Ce carrefour désert est-il dangereux ? A-t-elle vu le diable sur un banc ? Peu importe les raisons, j’ai repris ma randonnée et j’ai traversé ce fameux carrefour….Ouf, passé !
Prenant ces jours-ci assez régulièrement le chemin d’un laboratoire d’analyses médicales pour des révisons annuelles de bon fonctionnement corporel, je suis confronté à souvent changer d’infirmières.
Ma dernière rencontre avec l’une d’entre elles fut assez épineuse. Dans la salle d’attente, deux femmes et moi même, attendons. Notre infirmière du jour, ayant peut être confondu tenue de travail avec tenue de soirée et quincaillerie pour se rendre à la guinguette du coin, prend la fiche de travail et hurle « Monsieur… ».Il était évident qu’étant le seul homme dans cette salle de 9m2, cela fait drôle d’être interpellé avec son nom. Déjà la discrétion opère. J’ai eu le malheur de faire un peu d’humour en lui disant que j’étais le seul homme dans la pièce et que son appel était un peu disproportionné. Sa réponse fut : quand je prends la fiche je ne regarde pas dans la pièce qui est là !
Seulement pour moi c’était déjà un mauvais point et elle allait se venger. C’est ce qu’elle fit.
Une fois dans la minuscule cabine de prélèvement sanguin à la déco plus proche d’une cabine stalinienne qu’un lieu d’accueil, c’est l’interrogatoire (âge, à jeun etc..) Tout ceci venait d’être enregistré cinq minutes plutôt par l’hôtesse d’accueil. Mais c’était reparti ? « Vous avec deux dossiers ? » me dit-elle avec autorité. Au regard ahuri à cette question qui me dépassait et qui était aussi tordue que si elle m’avait demandé la vitesse du courant de la Garonne sous le Pont de Pierre. Qu’est ce qu’en sais ! Une fois cette question stupide posée, tout au moins à mes yeux, mais pour elle indispensable, je tends mon bras droit (j’ai une préférence pour celui-ci). A ce moment là commence un rituel que je ne connaissais pas : le caressage du creux du bras. Ah si vous connaissiez ce rituel ! C’est fait pour faire gonfler la veine (sic). Et ça dure et ça dure. Déjà que le plaisir n’est pas au rendez-vous lorsqu’on va dans ce genre de lieu mais si en plus on doit passer par le supplice du caressage du creux du bras. Ce que je peux dire, c’est que c’est un endroit qui ne ne me procure aucun effet de gonflage. A l’inverse, je commence à me contracter sérieusement. Une prise de sang en soi c’est déjà pas mal mais si en plus ca dure trois plombles avec des caresses que je ne demande pas, c’est trop. Victoire, la veine a du gonflée ! (je suppose) car elle me confia la plateau de fioles et autres petits matériels inconnus qu’elle m’impose en me le plaçant sur la braguette. J’étais prisonnier. Vlan ! un coup d’aiguille. Aie, criai-je ! « Voila vous avez bouger » me dit-elle en colère ! C’était de ma faute. Elle me fait changer de bras et me signale qu’elle va utiliser une seringue. Dans ma tête : avec quoi elle m’avait piqué avant, avec une fourchette ?
Opération bras gauche : pas de caresse dans le creux du bras, pas de gonflage de veine. Du direct, vlan ! une pique, le flacon se rempli, terminé. Allongé, les deux bras ballants, le plateau de fioles toujours sur la braguette, l’oeil commence à faire des siennes, le plafond tourne et un malaise me prend. « C’est normal « me rétorqua notre jongleuse de la seringue voltigeuse. Le médecin arrive, branle bas de combat, on m’allonge, mes esprits reviennent, le bras droit reste très douloureux et c’est alors que le médecin me glisse à ‘oreille, »vous savez c’est une grande piqueuse !! ».