3M puissance 4 !

Posté le 6 février 2011

On me demande souvent de raconter la célèbre anecdote concernant les 3M bordelais (appellation usitée à Bordeaux pour désigner les trois célèbres personnalités littéraires bordelaises, Montaigne, Montesquieu et Mauriac). Comme elle est souvent reprise avec enrobages pas souvent des plus heureux, je viens par cet écrit la relater dans sa version originale.
C’était au cours d’une réunion professionnelle par visioconférence entre une dizaine de personnes, par moitié une direction bordelaise et sa hiérarchie parisienne. L’objet de cette réunion, par vidéo interposée, était l’organisation d’un congrès sur Bordeaux de très haut niveau devant réunir une quarantaine grands décideurs internationaux scientifiques. L’objet de la discussion arrive sur le choix d’un cadeau de prestige symbolisant Bordeaux, à offrir à toutes ces personnalités. Mon supérieur de l’époque, se prenant toujours pour un symbole de la connaissance universelle et riche en idées originales à faire pâlir les catalogues de pacotilles à trois sous de cadeaux de fin d’année, propose un coffret de bouteilles de vin de Bordeaux (pas très original mais mieux que des tasses avec le Pont de Pierre peint). Presque arrivé en crise d’apnée devant le peu d’originalité, je me lance dans une proposition et lui glisse à l’oreille « pourquoi pas un bel ouvrage sur les 3M bordelais« . L’idée semblant le séduire, il annonce à nos interlocuteurs à 600 kms de là, cette proposition. Au lieu de me donner la parole (car j’avais déjà fait des répérages), il prend pour lui la proposition et dit à nos interlocuteurs « je vous propose un beau livre sur les 4M ».
À l’annonce de ce chiffre, je commence à me liquéfier. Avec les autres personnes de la salle nous nous regardons avec un frisson de détresse. Nos collègues parisiens demandent immédiatement qu’est ce que c’est que les 4M ? Et notre supérieur bordelais dans une envolée d’orgueil leur dit « vous ne connaissez pas les 4M bordelais ? » et se lance tel un gladiateur, la culture à la main, à l’assaut de Paris et écrasant sur son passage le petit culturel bordelais qui lui avait soufflé l’idée : « il s’agit de Montaigne, Montesquieu, Mauriac (et oui, il savait !) et… » À cet instant, nos visages se figent comme transformés en mascarons. Nous attendons avec effroi le quatrième M et comme bien sûr ce nom ne vient pas, je me lance et jette tout fort à nos interlocuteurs parisiens : « Meymerit  » (c’est mon nom). Éclat de rire chez tout le monde et stupéfaction chez notre cow-boy en culture bordelaise. Ce que ne dit pas l’histoire, c’est à qui il pensait pour illustrer le quatrième M ?