Venant d’assister tout récemment à un récital de jeunes chanteurs d’opéra, la première remarque qui me vient : quel gâchis !
Réuni dans une magnifique salle de spectacle municipale, un nombreux public, d’une moyenne d’âge ayant dépassé les bancs universitaires et malgré une température ambiante frôlant les degrés acceptables de conservation, était super content, moi aussi ! En effet, j’ai assisté à un catalogue d’airs interprétés à la queue leu leu sans aucune logique de chronologie, d’époque, de style comme dans une compile de fêtes de fin d’année (et même pas de chant collectif en rappel de salut). On dirait qu’ils ne se sont jamais rencontrés avant cette soirée.
Qu’est ce que j’ai vu et entendu ? Un dizaine de jeunes chanteurs sans flamme et sans sourire venir en avant scène interpréter égoïstement leurs airs d’opéra. L’opéra est un art joyeux. Il faut être heureux de chanter et surtout de le faire partager. Alors, pourquoi ces allures abattues et ces mines catastrophées ? Seule, une jeune mezzo, dans l’air des lettres de Werther, a apporté un sourire d’émotion accolé aux paroles d’amour de son chant. C’est bien peu.
On constate alors, non sans le regretter, l’utilité de ces écoles d’opéras qu’étaient les troupes sédentaires des grandes maisons lyriques françaises. Les jeunes chanteurs avaient alors tous les outils d’apprentissage scénique (opéra et opérette, danse, comédie). Devant cette lamentable carence française en matière d’aide aux jeunes chanteurs français, cette dizaine d’artistes lyriques a décidé de se regrouper en troupe. L’idée est super et originale mais sans ambition, dommage ! Dans l’attente d’un engagement dans un grand rôle d’opéra, ils s’essayent dans des airs mais non dans des rôles. Ce n’est pas suffisant pour devenir un artiste lyrique. Sont-ils eux seuls responsables ?
C’est ainsi qu’on se rend compte qu’il manque en France une éducation à l’art lyrique (chanteurs et public) et ce n’est pas ce genre de spectacle qui y contribue. Il me semble qu’il y a d’autres possibilités de créer des spectacles lyriques avec des petits moyens, sans tomber dans un récital ringard en tenues vestimentaires de pseudo gala. Nous sommes en 2010….